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  • Aborder systématiquement la question en consultation, même en l'absence de signes d'alerte.
  • Y penser particulièrement en période de grossesse, de post partum ou lors d'une séparation.
  • Toutes les femmes, quel que soit leur statut socio-économique, leur âge, leur orientation sexuelle, leur origine culturelle, leur état de santé, leur handicap peuvent être concernées.
  • Toute situation de violence au sein du couple constitue une situation de maltraitance pour les enfantsqui y sont exposés.
  • Repérer au moins une fois chez toutes les patientes enceintes et en post-partum.
  • Pour la conduite à tenir en cas de femmes victimes de violences au sein du couple, voir.
  • Liste dessites et numéros utilespour la victime et le médecin.

  • La violence au sein du couple est définie comme des actes de violence entre partenaires intimes. Elle peut donc être vécue :
    • dans une relation maritale, extra-maritale ou amoureuse
    • pendant la relation, au moment de la rupture ou après la fin de la relation
  • Elle comprend les agressions psychologiques, verbales, physiques et sexuelles, les actes de domination sur le plan économique ou administratif et un isolement social de la victime. Dans la majorité des cas, ces différentes formes de violence sont associées.

  • En moyenne en France, 25 femmes par heure sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles commises par leur ancien ou actuel partenaire intime.
  • Concernant les femmes victimes de viols et/ou tentatives de viol sur une année, près de la moitié des cas sont commis par le conjoint ou l'ex-conjoint.
  • Seulement 19 % des femmes victimes ont déclaré avoir déposé une plainte auprès de l'autorité à la suite de ces violences.

Ce paragraphe est issu du site declicviolence.fr.
  • La violence évolue par cycle (voir tableau 1 et Figure
    1
    )
  • En l'absence d'intervention, le cycle se répète avec :
    • une augmentation de l'intensité de la violence
    • une diminution de la durée et de l'intensité des phases d'accalmie
Figure 1. Cycle des violences
Figure 1. Cycle des violences
Tableau 1. Attitudes de l'agresseur et de la victime en fonction des phases du cycle des violences
Phase Attitudes de l'agresseur Attitudes de la victime
Tension
N'exprime pas directement la violence.
Menaces et épisodes de colère augmentant progressivement.
Inquiète.
Essaie d'améliorer le climat en satisfaisant le conjoint.
 
Agression Laisse exploser la violence sous toutes ses formes. Se sent triste, humiliée et impuissante.
Justification
Justifie son comportement et minimise les faits.
Exprime un sentiment de remords et peut faire du chantage.
Essaie de comprendre la situation.
Doute de ses propres perceptions et se sent responsable.
Sentiment de culpabilité intense.
Réconciliation ou « lune de miel » Demande pardon et parle de thérapie.
Ressent la peur de l'abandon.
Apporte son aide à l'agresseur.
Constate les efforts et fait elle-même des «efforts».
Un sentiment d'espoir renaît.

Il existe des facteurs précipitants de la violence (tableau 2 ) : ils ne sont pas directement la cause de survenues de violences au sein du couple, mais leur présence, voire leur association, augmente le risque d'être victime ou d'exercer de la violence dans un contexte conjugal.
Tableau 2. Facteurs précipitants ou de risque de violences au sein du couple
Qu'une femme soit victime de violence Qu'un homme se montre violent Facteurs relationnels ou conjoncturels
- jeune âge
- faible niveau d'instruction
- exposition à la violence conjugale dans l'enfance
- maltraitance pendant l'enfance
- acceptation de la violence
- grossesse, post-partum
- handicaps, maladies de longue durée
- problèmes de santé mentale
- dépendance financière
- conduite addictive (alcool, drogues)
- jeune âge
- faible niveau d'instruction
- antécédents de violences ou exposition à la violence dans l'enfance
- abus de drogues et d'alcool
- troubles de la personnalité
- banalisation de la violence
 
- insatisfaction dans le couple
- contexte de séparation conflictuelle
- domination masculine dans la famille
- stress économique, précarité
- vulnérabilité liée à une dépendance administrative et/ou sociale et/ou économique
- écart entre les niveaux d'instruction, situation où une femme est plus instruite que son partenaire masculin
- différence d'âge importante dans le couple
- déracinement géographique (isolement sociétal)

  • Créer un environnement favorable en mettant des affiches, brochures ou violentomètres en salle d'attente ou de consultation.
  • Si le partenaire ou l'entourage insiste pour participer à l'entretien, les formulations suivantes peuvent être utilisées vis-à-vis de l'accompagnant, afin que la confidentialité de l'entretien puisse être respectée :
« Monsieur, je conduis toujours mon examen en tête-à-tête avec la patiente. »
« Merci de bien vouloir attendre dans la salle d'attente, tous mes entretiens sont individuels. »
  • Si la présence d'un interprète est nécessaire, il est recommandé qu'il ne soit pas issu de l'entourage de la patiente.

  • Aborder systématiquement la question des violences en consultation, même en l'absence de signes d'alerte.
  • Il n'existe pas de gradient social ou culturel.
  • Repérer au moins une fois chez toutes les patientes enceintes et en post-partum. La période de la grossesse et la période périnatale constituent des situations à risque notable de violences au sein du couple.
« Comment vous sentez-vous à la maison ? »
« Comment votre conjoint se comporte-t-il avec vous ? »
« En cas de dispute, cela se passe comment ? »
« Comment se passent vos rapports intimes ? Et en cas de désaccord ? »
« Avez-vous peur pour vos enfants ? »
« Avez-vous déjà été victime de violences (physiques, verbales, psychiques, sexuelles) au cours de votre vie ? »
« Avez-vous vécu des événements qui vous ont fait du mal ou qui continuent de vous faire du mal ? »
« Avez-vous déjà été agressée verbalement, physiquement ou sexuellement par votre partenaire ? »
« Vous est-il déjà arrivé d'avoir peur de votre partenaire ? »
« Vous êtes-vous déjà sentie humiliée ou insultée par votre partenaire ? »

  • Préciser à la patiente que ces questions sont abordées avec toutes les patientes étant donnée la fréquence du risque :
« La violence est très courante au sein des familles. Je questionne régulièrement mes patientes à ce sujet car les violences ont un impact négatif sur la santé et sont interdites par la loi. Personne ne devrait avoir à vivre dans la peur de son partenaire. »
  • Prendre en compte les enfants dans le cercle familial : la question a une influence importante sur les révélations.
« Avez-vous peur pour vos enfants ? »

  • Aucune symptomatologie n'est spécifique des violences au sein du couple.
  • Les signes d'alerte peuvent être :
    • l'identification de facteurs de risque d'être victime
    • des symptômes pouvant être la conséquence de la violence sur la santé physique, mentale et sexuelle
    • des comportements inhabituels ou inadaptés de la patiente et/ou de son conjoint et/ou de ses enfants
  • En présence de signes d'alerte, il est recommandé de questionner la patiente sur des violences subies, en s'appuyant alors sur ces symptômes pour ouvrir le dialogue :
« Il arrive que des patientes qui présentent les mêmes symptômes que vous soient victimes de violences. Est-ce votre cas ? »
« Parfois, ces symptômes sont liés à du stress, des tensions ou de la violence à la maison. Est-ce votre cas ? »
« Lorsque vous étiez enceinte, avez-vous été maltraitée, frappée, giflée, blessée par votre partenaire ? »

Symptômes pouvant être la conséquence de la violence

Troubles physiques

  • Signes fonctionnels :
    • consultations itératives avec plaintes vagues, multiples et inexpliquées
    • symptômes physiques chroniques inexpliqués : douleurs, asthénie, troubles digestifs, sensation d'engourdissements et de fourmillements dans les mains, palpitations, sentiment d'oppression et difficultés à respirer
    • mésusage et/ou surconsommation médicamenteuse (ex : antalgiques)
  • Signes cliniques :
    • lésions traumatiques surtout si elles sont répétées (anciennes et multiples), évoquant la marque d'un objet vulnérant, avec des explications vagues et qui paraissent peu plausibles avec le mécanisme traumatique allégué
    • maladie chronique déséquilibrée

Troubles psychologiques

  • Dépression, tentative de suicide ou idées suicidaires ; automutilation
  • Addictions et/ou abus de substances
  • États d'anxiété, de panique, ou manifestations phobiques ; symptômes évocateurs d'un stress post-traumatique (hypervigilance, troubles du sommeil, trouble et modification du comportement)
  • Troubles émotionnels : colère, honte, sentiment de culpabilité, d'humiliation, sentiment d'impuissance, « auto-dévalorisation »
  • Troubles du sommeil
  • Troubles de l'alimentation
  • Troubles cognitifs
  • Troubles psychosomatiques

Santé sexuelle et reproductive

  • Infections génitales et urinaires à répétition, et infections sexuellement transmissibles (IST) répétées, transmission du VIH
  • Troubles de la sexualité, comportement sexuel à risque
  • Douleurs pelviennes chroniques, dyspareunie
  • Grossesses non désirées et interruptions volontaires de grossesse
  • Complications obstétricales : décès maternel, hémorragie fœto-maternelle, fausses-couches, infections maternelles, accouchement prématuré, rupture prématurée des membranes, suivi aléatoire ou tardif de la grossesse
  • Complications fœtales : mort in utero, retard de croissance intra-utérine, prématurité, faible poids à la naissance
  • Retard ou absence d'accès aux soins périnataux
  • Comportements à risque pendant la grossesse (tabac, alcool, drogues illicites, mauvaise nutrition)

Comportements inhabituels ou inadaptés de l'entourage

  • Du conjoint : accompagnant trop impliqué, répondant à la place de sa partenaire, minimisant les symptômes, ou tenant des propos méprisants et disqualifiants
  • Des enfants : voir

    Guide de pratique clinique

    Maltraitance chez l'enfant : repérage