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  • L'infection par le virus Monkeypox est transmissible essentiellement par contact direct cutanéomuqueux (dont rapport sexuel), plus occasionnellement par gouttelettes respiratoires et/ou par l'intermédiaire d'un objet.
  • La période d'incubation est comprise entre 5 et 21 jours.
  • Le diagnostic est avant tout clinique :
    • contexte d'exposition
    • lésions cutanéomuqueuses polymorphes (anogénitales, oropharyngées), parfois très douloureuses
    • adénopathies douloureuses, angine, anite, rectite
    • signes généraux : fièvres, céphalées...
  • Le diagnostic biologique par PCR est indiqué en cas de doute clinique.
  • Si transmission par contact sexuel, réaliser un bilan IST systématique.
  • Le traitement des formes simples est ambulatoire et symptomatique (évolution favorable en 2 à 4 semaines) :
    • isolement
    • traitement antalgique (contre-indication des AINS ou corticoïdes)
    • surveillance : téléconsultation à 1 semaine au minimum, à adapter
  • La prévention repose notamment sur :
    • la vaccination pré-exposition des personnes les plus à risque
    • la vaccination post-exposition et l'autosurveillance des personnes contacts à risque
  • Il s'agit d'une maladie à déclaration obligatoire
    ​dans la liste des maladies à déclaration obligatoire, voir orthopoxviroses pour obtenir le cerfa
    .

Figure 1. Synthèse de la prise en charge
Figure 1. Synthèse de la prise en charge

  • L'infection par le virus Monkeypox ou Mpox, aussi appelée « variole du singe », est une zoonose virale due à un orthopoxvirus.
  • Le virus peut être transmis :
    • préférentiellement, par contact direct cutanéomuqueux, notamment sexuels
    • plus occasionnellement, par gouttelettes respiratoires et/ou par l'intermédiaire d'un objet (linge, vaisselle...)
  • La période d'incubation est comprise entre 5 et 21 jours (apparition des symptômes le plus souvent en 6 à 13 jours).
  • Les personnes infectées sont contagieuses dès l'apparition des premiers symptômes et jusqu'à la cicatrisation complète des lésions cutanées et chute des croûtes le plus souvent en 3 semaines.
  • À ce jour, le rôle des personnes asymptomatiques dans la chaine de transmission est inconnu.
  • La durée de l'immunité naturelle après infection est inconnue.

  • Jusqu'en 2022, la zone d'endémie était limitée à l'Afrique.
  • L'épidémie qui sévit en 2022 en Europe et dans le reste du monde semble présenter une clinique différente de celle observée auparavant :
    • la plupart des cas européens concerne des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et des partenaires multiples
    • en France, 95% des cas sont survenus chez des HSH
    • la transmission a eu lieu majoritairement lors de contacts sexuels
  • Au 29 août 2022 : 3 547 cas confirmés par PCR en France, dont 3 % hospitalisés, aucun décès.

  • Le diagnostic est clinique (tableau clinique et contexte d'exposition).

Interrogatoire

  • Rechercher un contexte d'exposition :
    • population à risque d'exposition :
      • hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH)
      • travailleurs du sexe
      • personnes transgenres
      • multipartenaires
      • professionnels de lieux de consommation sexuelle
    • personnes contacts à risque
  • Demander à la personne si elle connaît son statut VIH.

Examen physique

  • Les symptômes sont polymorphes
    Pour plus d'informations sur les lésions cutanéomuqueuses, voir manifestations dermatologiques de la société française de dermatologie​.​
    . Le tableau clinique typique comporte :
    • lésions cutanéomuqueuses (voir Figure
      2
      ) :
      • préférentiellement au niveau ano-génital ou de la muqueuse buccale, mais également : visage, tronc, membres, extrémités
      • polymorphes apparaissant en plusieurs floraisons (lésions d'âges différents coexistant) et évoluant dans le temps : vésicules, pustules ombiliquées puis lésions ulcérées et croûteuses, voire escarre nécrotique
      • parfois prurigineuses et très douloureuses, notamment au niveau des muqueuses
      • 1 à 50 voire 100 lésions (dans 10% des cas : une seule lésion)
    • adénopathies douloureuses dans le territoire de drainage (cervicales, inguinales...)
    • angine, odynophagie, anite ou rectite (souvent douloureuse)
    • symptômes généraux : fièvre, céphalées, myalgies, asthénie...
Figure 2. Lésions cutaneomuqueuses d'une infection par le Monkeypox
Figure 2. Lésions cutaneomuqueuses d'une infection par le Monkeypox

Aide au diagnostic

  • Pour le diagnostic ou l'orientation, il est possible d'avoir recours à la téléexpertise, en contactant :
    • un infectiologue ou un dermatologue référent d'un établissement de santé spécialisé ou au sein d'un Centre Gratuit d'Information, de Dépistage et de Diagnostic ( CeGIDD
      Pour trouver un CeGIDD, voir l'annuaire Sida Info Service.​​
      )
    • le centre 15
    • les cellules d'appui au diagnostic mises en place :
      • en Ile-de-France
      • pour les autre régions : contacter le 0 801 90 80 69 (« Monkeypox Info Service »)

Test PCR

  • La recherche par test PCR spécifique
    qPCR ou RT-PCR spécifique Monkeypox ou générique Orthopoxvirus (la PCR fait partie des Tests d'Amplification des Acides Nucléiques ou TAAN).​​
    est recommandée lorsque le tableau clinique n'est pas suffisamment explicite.
    • symptomatologie atypique : test PCR
    • symptomatologie évocatrice et pas d'exposition identifiée : test PCR
    • symptomatologie évocatrice et population à risque d'exposition : test PCR sauf par exception si :
      • symptômes suffisamment évocateurs
      • ET contexte de risque d'exposition au virus
      • ET absence de signes de gravité
      • ET élimination des diagnostics différentiels
    • symptomatologie évocatrice et personne contact à risque : test PCR non nécessaire
Figure 3. Indications de la PCR dans le diagnostic de Monkeypox
Figure 3. Indications de la PCR dans le diagnostic de Monkeypox
  • Pour connaître les modalités de prélèvement, contacter le laboratoire d'analyse du secteur ou le laboratoire du service hospitalier référent ou le CeGIDD.
    • privilégier des prélèvements de lésions muqueuses puis cutanées, un à deux prélèvements suffisent
    • un prélèvement oropharyngé ou nasopharyngé est possible si poussée éruptive dans la sphère ORL ou si absence de lésions cutanéomuqueuses
    • la prescription médicale doit préciser : contexte d'exposition, signes cliniques, site(s) de prélèvement, statut vaccinal vis-à-vis de la variole
  • À ce jour, il n'est pas indiqué de faire un dépistage par test PCR pour les personnes à risque d'être contaminées qui sont asymptomatiques, y compris les cas contacts.
  • Il n'existe ni tests rapides d'orientation diagnostique (TROD), ni tests sérologiques ou antigéniques spécifiques, validés à ce jour.

Dépistage des IST associées

  • Dans le cadre d'une transmission par contact sexuel, réaliser systématiquement un bilan diagnostique IST :
    • d'emblée : sérologie VIH, VHB, VHC, Syphilis, PCR Gonocoque et Chlamydia sur le premier jet urinaire
    • dès la levée de l'isolement (pas avant, en raison du classement hautement pathogène de l'agent Monkeypox) : PCR chlamydia et gonocoque au niveau anal et pharyngé

  • Complications locales :
    • surinfection des lésions cutanées (impétiginisation, dermohypodermite)
    • ulcération avec risque de cicatrice post-lésionnelle si lésions creusantes
    • forme hyperalgique (amygdalite, anite, rectite)
  • Complications viscérales :
    • bronchopneumonie
    • myocardite
    • encéphalite
    • complications oculaires...
  • Déshydratation sévère suite à vomissements, diarrhées ou lésions buccales empêchant une hydratation adéquate.
  • Retentissement psychologique de l'infection, des douleurs.

  • La prise en charge se fait en ambulatoire dans la plupart des cas.
  • Possibilité de remettre au patient une fiche d'information

Isolement

  • Isolement au domicile dès l'apparition des symptômes, jusqu'à cicatrisation des lésions (disparition des croûtes) et au minimum 21 jours :
    • télétravail ou arrêt de travail
    • si possible dans une pièce séparée (pour l'hygiène, les repas et le sommeil), pas de sortie ni visite, sauf indispensable
    • éviter tout contact physique (pas de rapport sexuel, même avec un préservatif, pas d'embrassade, de contact peau à peau...)
      • l'utilisation d'un préservatif est recommandée jusqu'à 8 semaines
        En l’absence de données à ce jour sur la durée de persistance du virus dans le sperme.​​
        après la fin de la période de contagiosité
    • porter un masque chirurgical en présence d'autres personnes
    • ne pas partager ses effets personnels (objets, vaisselle, vêtements, linge de maison)
    • si lésions sur les mains, éviter de se toucher les yeux :
      • risque d'autocontamination oculaire
    • éviter tout contact avec les animaux domestiques (possibilité de transmission à l'animal)
    • faire livrer les achats du quotidien par des tiers
    • au regard des répercussions possibles (douleur, stress, santé mentale...), si besoin :
      • soutien psychosocial auprès d'une association de santé communautaire
        Pour plus d'informations, voir les Ressources pour les usagers/patients​.​
      • prise en charge psychologique (téléconsultation)
  • En cas de nécessité de sortie dans l'espace public :
    • couvrir au mieux les boutons et croûtes (vêtements, pansements)
    • éviter les transports en commun
  • Conseils d'hygiène pour le patient durant l'isolement :
    • mains propres, ongles courts, ne pas se gratter, ne pas toucher les lésions
    • se laver les mains avant tout contact et régulièrement en utilisant eau et savon ou une solution hydroalcoolique
    • privilégier les douches aux bains et se sécher en tamponnant (sans frotter)
    • laver ses affaires personnelles séparément (vaisselle, linge à 60° si possible)
    • nettoyer régulièrement les surfaces, surtout sanitaires (1 fois par jour), avec les produits habituels
    • mettre pansements, bandages souillés et croûtes (si elles tombent) dans un sac-poubelle spécifique à fermer, puis mettre dans un autre sac poubelle à fermer avant de le jeter avec les déchets ménagers
  • Conseils d'hygiène pour les proches :
    • se laver les mains régulièrement (savon ou solution hydro alcoolique)
    • éviter tout contact direct (peau à peau) avec la personne infectée ou ses effets personnels (vaisselle, linge, ...)
    • porter un masque chirurgical à sa proximité

Indications d'un nouvel avis médical

  • Si évolution des symptômes (autosurveillance) :
    • sur la peau ou les muqueuses : rougeur, chaleur et gonflement étendus
    • douleurs non soulagées par les antalgiques prescrits
    • fièvre supérieure à 38°C pendant plus de 5 jours
    • toux/crachats, difficultés à respirer
    • désorientation
    • difficulté à se déplacer
    • baisse de la vision

Rechercher les personnes contact

Traitements médicamenteux

  • Traitement des lésions cutanées
    • lésion simple : eau et savon
    • lésion surinfectée : désinfection (chlorhexidine)
    • croûtes : pommade grasse
    • pas de corticothérapie locale
    • pas de pansement, sauf sur les zones exposées si suintement ou risque de contact
  • Traitement des douleurs
    • contre-indication des AINS et corticoïdes
    • antalgiques (paliers 1 à 3) adaptés à l'intensité des douleurs
    • antalgique par voie locale :
      • crèmes / gels anesthésiques topiques (lidocaïne, lidocaïne + prilocaïne) (+/- laxatifs), en particulier au niveau anal ou buccal (uniquement sur les lésions des muqueuses)
      • bains de bouche (bicarbonate de sodium, chlorhexidine)
      • bains de siège (bicarbonate de sodium, Sels d'Epsom
        Sulfate de magnésium​​
        )
      • si lésions vulvaires : uriner dans un bain d'eau tiède pour diminuer la douleur
  • Traitement antibiotique uniquement si impétigo (voir

    Guide de pratique clinique

    Impétigo

    ) ou en cas de suspicion d'IST associée
  • Traitements antiviraux
    • les traitements antiviraux ne sont pas indiqués en ambulatoire
    • ils peuvent être envisagés au cas par cas en hospitalier dans les formes graves

Critères d'avis spécialisé ou d'accompagnement spécifique

  • Les situations justifiant la prise d'un avis spécialisé :
    • patients à risque de forme grave
      • immunodéprimés (personne vivant avec le VIH ayant des CD4 <200/mm3, autres causes d'immunodépression)
      • femmes enceintes
      • jeunes enfants
    • en cas d'évolution défavorable des lésions cutanées
    • en cas d'atteinte très douloureuse
    • en cas d'atteintes oculaires
  • Les situations nécessitant un accompagnement médico-social spécifique :
    • situation de précarité
    • patients ne pouvant pas respecter l'isolement (ex : troubles psychiatriques majeurs)

Critères d'hospitalisation

  • Les situations justifiant l'hospitalisation du patient :
    • douleurs très intenses, mal contrôlées
    • épiglottite, œdème des voies aériennes supérieures, pneumopathies sévères
    • certaines dermohypodermites, voir aussi

      Guide de pratique clinique

      Dermohypodermite bactérienne (érysipèle)

    • autres formes sévères de lésions cutanéomuqueuses profuses
    • méningo-encéphalites, myocardites
    • défaillances viscérales
    • atteinte ophtalmologique et baisse de la vision

  • La guérison spontanée est généralement acquise entre 2 et 3 semaines, parfois jusqu'à 4 semaines.
  • Une surveillance régulière par téléconsultation est à mettre en place, au minimum 1 fois par semaine, à adapter au contexte.

Vaccination pré-exposition

  • Le vaccin antivariolique de 3e génération
    Les 1ère et 2ème génération de vaccin antivariolique ne sont pas recommandées.​​
    uniquement est recommandé en pré-expostition pour les personnes à très haut risque d'exposition :
    • il s'agit d'un vaccin vivant atténué
    • les vaccins commercialisés en France sont : IMVANEX° et JYNNEOS°
  • Les populations à vacciner en priorité sont :
    • les HSH et les transgenres rapportant des partenaires sexuels multiples
    • les travailleurs du sexe
    • les professionnels des lieux de consommation sexuelle, quel que soit le statut de ces lieux
  • Schéma vaccinal : voir tableau 1.
  • La vaccination systématique en pré-exposition des professionnels de santé à très haut risque

    Les mesures d’hygiène habituelles et le port d’équipement de protection individuelle rendent le risque de contamination très faible.​

    d'exposition professionnelle au Monkeypox n'est à ce jour pas recommandée.
  • Il est préférable d'éviter de vacciner les femmes enceintes

    La vaccination peut être envisagée au cas par cas selon les demandes et facteurs de risques individuels.​
    ou allaitantes.
  • Le respect des mesures de prévention de la transmission du virus Monkeypox reste nécessaire, même pour les personnes vaccinées.
Tableau 1. Schéma vaccinal antivariolique pré et post exposition au virus du Monkeypox
  Cas général Personne vivant avec le VIH ayant un taux de CD4 < 200/mm3 * Personne Immunodéprimée hors VIH
Personne déjà vaccinée contre la variole 1 dose 2 doses (S0, S4) 3 doses (S0, S4, S12)
Personne sans vaccination antérieure 2 doses espacées a minima de 28 jours (S0, S4) 3 doses (S0, S4, S12) 3 doses (S0, S4, S12)
*En dessous de 50/mm3, le bénéfice de la vaccination est peu probable mais la vaccination doit être envisagée au cas par cas selon le risque d'exposition. Les personnes vivant avec le VIH ayant un taux de CD4 > 200/mm3 sont assimilées au cas général pour le schéma vaccinal.

Vaccination post-exposition

  • Mise en œuvre d'une stratégie vaccinale réactive en post-exposition pour les personnes adultes contacts à risque d'exposition, incluant les professionnels de santé exposés sans mesure de protection individuelle :
    • idéalement dans les 4 jours après le contact à risque (avant l'apparition des symptômes) et au maximum 14 jours plus tard
    • schéma vaccinal : voir tableau 1
    • après avis spécialisé pour : femmes enceintes ou allaitantes, enfants

  • Le soignant qui prend en charge le patient doit prendre les précautions Air Contact :
    • solution hydroalcoolique, masque FFP2 - Fit check (ou contrôle d'étanchéité)

      Pour vérifier la bonne étanchéité du masque FFP2 :

      • placer correctement votre masque sur le visage
      • obturer la surface filtrante avec les mains
      • inspirer et retenir sa respiration quelques secondes
      • si l’étanchéité est bonne, le masque doit rester légèrement plaqué sur votre visage​


      , lunettes et gants en cas de contact avec les lésions
    • surblouse
    • en cas de contact rapproché de type toilette : tablier ou de préférence surblouse étanche, couvrante
    • traitement des surfaces : désinfectant répondant à la norme 14476
    • déchets de soins : filière DASRI

  • Personnes contact à risque :
    • contact physique direct non protégé

      Mesures de protection efficace :

      • Pour contact physique direct : gants étanches (latex, nitrile, caoutchouc)
      • Pour contact respiratoire : masques chirurgicaux ou FFP2, hygiaphone​


      sans notion de durée
      , avec la peau lésée ou les fluides biologiques d'un cas, quelles que soient les circonstances : rapport sexuel, soin médical ou paramédical...
    • contact physique indirect non protégé : partage d'ustensiles de toilette, contact avec des textiles (vêtements, linges de bain, literie) ou de la vaisselle sale utilisés par le cas
    • contact non protégé à moins de 2 mètres pendant 3 heures minimum avec un cas quel que soit le lieu et les modalités
  • Prise en charge
    • l'information des personnes-contacts à risque est à effectuer par leur cas index
    • la prise en charge associe :
      • vaccination réactive post-exposition : voir paragraphe Vaccination
      • pas d'isolement
      • pas de test PCR de dépistage
      • autosurveillance pendant 21 jours (prise de température 2 fois par jour, lésions cutanéomuqueuses)
  • Si fièvre, éruption :