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  • L'épisode dépressif caractérisé (EDC) est un diagnostic clinique, voir

    Guide de pratique clinique

    Episode dépressif caractérisé de l'adulte : diagnostic et évaluation initiale

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  • Objectif principal de la prise en charge :
    • prévenir le risque suicidaire
    • obtenir un impact positif sur les souffrances psychiques des patients
  • Caractériser l'intensité de l'EDC (léger, modéré ou sévère) pour adapter la prise en charge

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    Episode dépressif caractérisé de l'adulte : diagnostic et évaluation initiale

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  • Traiter tout EDC dans sa dimension relationnelle (alliance thérapeutique, soutien psychothérapeutique, suivi rapproché).
  • Le traitement médicamenteux :
    • ne se substitue pas à la psychothérapie
    • n'est pas recommandé en cas d'EDC d'intensité légère et de symptômes dépressifs subsyndromiques
      ​​symptômes en nombre insuffisant pour remplir les critères d’un EDC ou symptômes d’intensité sévère mais d’une durée inférieure à 2 semaines.​
    • en cas d'EDC modéré à sévère : il est recommandé de prescrire, en première intention en raison de leur meilleure tolérance :
      • un inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine (ISRS)
      • ou un inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN)
      • ou un médicament de la classe des « autres antidépresseurs »
    • durée du traitement : 6 mois à 1 an après rémission, avec un arrêt progressif, dans le but de prévenir les rechutes

  • Pour adapter la prise en charge thérapeutique (voir algorithme Figure
    1
    , il est recommandé :
    • de caractériser l'intensité de l'EDC

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    • et d'évaluer le risque suicidaire

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      Episode dépressif caractérisé de l'adulte : diagnostic et évaluation initiale

Figure 1. Algorithme de prise en charge
Figure 1. Algorithme de prise en charge

  • Devant un risque suicidaire, il est recommandé de :
    • fixer un rendez-vous de suivi proche
    • limiter l'accès aux moyens létaux envisagés par le patient. Si besoin, limiter la quantité de médicaments disponibles prescrits
    • évaluer si la personne dispose d'une aide sociale adéquate et fiable
    • conseiller de chercher de l'aide si la situation se détériore :
      • transmettre les coordonnées des ressources disponibles, notamment en cas de crise suicidaire, voir fiche info patient
    • communiquer avec la famille ou les proches, avec l'accord du patient :
      • s'assurer qu'ils savent où trouver rapidement de l'aide en cas de besoin
      • conseiller d'être vigilants vis-à-vis d'une modification de l'humeur, de la présence de pensées négatives, désespoir, idées et plans suicidaires
    • tenir compte du risque pour les autres : risque de négligence et de violence envers les personnes à charge et l'entourage (antécédents de violence, d'idées, de plans et d'intentions d'homicide)
  • En cas de crise suicidaire : évaluer son degré d'urgence (voir tableau 1).
Tableau 1. Evaluation du degré d'urgence
Risque suicidaire Description du patient en crise Conduite à tenir
Faible
  • Est dans une relation de confiance établie avec le praticien
  • Désire parler et est à la recherche de communication
  • Cherche des solutions à ses problèmes
  • Pense au suicide sans scénario suicidaire précis
  • Pense encore à des moyens et à des stratégies pour faire face à la crise
  • N'est pas anormalement troublé, mais psychologiquement souffrant
  • Rester vigilant
  • Réévaluer le niveau d'urgence
Modéré
  • Envisage le suicide et son intention est claire
  • A envisagé un scénario suicidaire, mais dont l'exécution est reportée
  • Ne voit de recours autre que le suicide pour cesser de souffrir
  • Présente un équilibre émotionnel fragile
  • A besoin d'aide et exprime directement ou indirectement son désarroi
  • Est isolé
  • Au cas par cas :
    • soit hospitalisation
    • soit suivi renforcé (contacts plus fréquents, ou recours à un avis psychiatrique)
Elevé
  • Est décidé : sa planification est claire et le passage à l'acte est prévu pour les jours qui viennent
  • Est coupé de ses émotions : il rationalise sa décision ou est très émotif, agité, troublé
  • Se sent complètement immobilisé ou dans un état de grande agitation
  • A une douleur et une expression de la souffrance omniprésentes ou complètement tues
  • A un accès direct et immédiat à un moyen de se suicider
  • A le sentiment d'avoir tout fait et tout essayé
  • Est très isolé
  • Urgence, hospitalisation recommandée, et si nécessaire sans le consentement du patient

  • Indications d'une hospitalisation soit d'emblée, soit au cours de l'évolution :
    • risque suicidaire élevé (scénario suicidaire construit imminent)
    • risque immédiat d'automutilation
    • potentiel de violence
    • certaines formes sévères de dépression, en cas de symptômes psychotiques ou somatiques sévères associés
    • présence d'une forte agitation anxieuse avec manque de contrôle émotionnel ou impulsivité
    • sevrage de substance psychoactive
  • Rechercher le consentement du patient, avant d'avoir recours si nécessaire à une hospitalisation sans consentement.

Construction de l'alliance thérapeutique

  • Au terme de l'évaluation de l'épisode dépressif caractérisé il est recommandé :
    • de développer une attitude de compréhension, d'empathie, de confiance, de soutien, d'écoute et d'information
    • d'informer le patient sur la nature des troubles dépressifs, sur les effets bénéfiques du traitement et les effets indésirables éventuel
    • d'établir avec le patient un projet thérapeutique afin d'éviter les abandons de traitement ; le réévaluer régulièrement et le réajuster si nécessaire
    • d'informer et d'impliquer l'entourage du patient avec son accord, si nécessaire ou utile

Conseils sur le mode de vie

  • Il est recommandé de conseiller de :
    • respecter le rythme nycthéméral
    • pratiquer une activité physique régulière
    • éviter la consommation d'alcool et autres substances toxiques
    • encourager une activité sociale régulière
    • poursuivre les activités habituellement intéressantes ou plaisantes

Psychothérapies

Voir

Guide de pratique clinique

Psychothérapies dans l'épisode dépressif caractérisé

Indication

  • Le traitement médicamenteux ne se substitue pas à la psychothérapie.
  • Un antidépresseur peut être prescrit dès la première consultation si l'intensité du tableau clinique le nécessite : épisode dépressif modéré à sévère

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    Episode dépressif caractérisé de l'adulte : diagnostic et évaluation initiale

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  • Un traitement concomitant par benzodiazépine (ou apparenté) peut être justifié en début de traitement antidépresseur pour une durée de 2 semaines en cas d'anxiété, d'agitation ou d'insomnie invalidantes

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    Benzodiazépines et apparentés dans l'anxiété et l'insomnie : prescription et sevrage

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  • Il est recommandé de ne pas prescrire un antidépresseur pour traiter :
    • les symptômes dépressifs subsyndromiques : symptômes en nombre insuffisant pour remplir les critères d'un EDC ou d'intensité sévère mais d'une durée inférieure à 2 semaines
    • les EDC d'intensité légère

Information du patient

  • Expliquer :
    • la période de latence (entre 4 et 8 semaines)
    • les possibles effets indésirables, pouvant précéder le bénéfice thérapeutique
    • la possibilité d'une légère augmentation des idées suicidaires dans le 1er mois et la nécessité de consulter rapidement en cas de modification de l'humeur
    • les possibles interactions médicamenteuses (dont les médicaments de l'automédication : millepertuis, etc)
    • la durée totale souhaitable du traitement : entre 6 mois et 1 an après rémission, avec un arrêt progressif, afin de prévenir les rechutes
    • l'importance de ne pas interrompre le traitement sans en informer le médecin
  • Reconnaître et discuter des préoccupations liées aux antidépresseurs, par exemple développement d'une dépendance, modification de la personnalité, etc.

Choix de l'antidépresseur

  • Il n'existe pas de différence d'efficacité clinique démontrée entre les différents types d'antidépresseurs pour les patients suivis en ambulatoire.
  • Il est recommandé de choisir l'antidépresseur le mieux toléré, le moins toxique en cas de surdosage, et le plus simple à prescrire, à dose minimale efficace. Tenir compte des contre-indications, effets indésirables potentiels et interactions médicamenteuses. Voir tableau de synthèse des antidépresseurs disponibles.
  • En 1ère intention, en raison de leur meilleure tolérance, il est recommandé de prescrire :
    • ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine)
    • IRSN (inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline)
    • « autres antidépresseurs » sauf la tianeptine et l'agomélatine
  • En 2ème intention :
    • tricycliques (antidépresseurs imipraminiques) : risque de toxicité cardiovasculaire
  • En 3ème intention :
    • tianeptine : risque d'abus et de dépendance
    • agomélatine : toxicité hépatique
  • En dernier recours : IMAO, dans le cadre d'une prescription spécialisée.

Suivi général

  • Établir un suivi rapproché dès le début de la prise en charge (fréquence à l'appréciation du clinicien).
  • Évaluer l'efficacité de la prise en charge au bout de 4 à 8 semaines de traitement.
  • Réévaluer régulièrement le projet thérapeutique selon :
    • l'adhésion au traitement
    • l'efficacité du traitement
    • le risque suicidaire
    • l'apparition d'une éventuelle comorbidité
    • la prise d'un toxique ou d'une automédication...

Suivi spécifique aux antidépresseurs

  • À la 1ère puis 2e semaine de traitement, rechercher particulièrement les effets indésirables :
  • Rechercher d'autre facteur majorant le risque suicidaire (conflit interpersonnel, alcool...).
  • Évaluer l'efficacité au bout de 4 à 8 semaines de traitement. En cas de réponse insuffisante il est recommandé :
    • d'augmenter la posologie (dose efficace)
    • ou de changer d'antidépresseur (voir tableau de synthèse des antidépresseurs disponibles)
  • La durée totale souhaitable du traitement antidépresseur se situe entre 6 mois et 1 an après rémission, dans le but de prévenir les rechutes.

Arrêt du traitement antidépresseur

  • Il ne doit pas se faire à l'initiative du patient ou de sa famille sans accompagnement médical.
  • Il est recommandé d'arrêter progressivement sur plusieurs semaines ou mois afin de prévenir le risque de rechute.
  • Choisir préférentiellement une période de stabilité de la vie sociale et affective afin de mieux apprécier le retentissement et la rechute sans mêler plusieurs variables.
  • Un syndrome de sevrage peut apparaître en cas d'arrêt brutal ou de traitement antidépresseur à demi-vie courte :
    • rassurer sur le caractère temporaire de ce symptôme
    • si nécessaire revenir temporairement à la posologie précédente avant de reprendre un arrêt plus progressif

Psychothérapie

Voir

Guide de pratique clinique

Psychothérapies dans l'épisode dépressif caractérisé

Traitement médicamenteux

  • Choix de la molécule :
    • il n'existe pas de différence d'efficacité entre les classes d'antidépresseurs
    • les imipraminiques sont exceptionnellement indiqués après 75 ans du fait de leurs effets anticholinergiques (risque de confusion)
  • Posologie : instaurer à faible dose et augmenter lentement jusqu'à la dose minimale efficace.
  • Surveillance des effets indésirables plus étroite :
    • ISRS : doser la natrémie une semaine après le début d'un traitement et après chaque modification de dosage (particulièrement si diurétiques ou insuffisance rénale)
    • effets indésirables plus fréquents chez le sujet âgé : perte osseuse, syndrome sérotoninergique, effets anticholinergiques, effet extrapyramidal, hypotension orthostatique, effets cardiovasculaires, allongement de l'intervalle QT, nausées, somnolence, risque de chutes et de fractures, hyponatrémie pouvant induire une confusion, saignements gastro-intestinaux
  • Évaluation de l'efficacité : 6 à 12 semaines après obtention de la dose minimale efficace, car la réponse aux antidépresseurs est plus lente.
  • Durée du traitement : au moins 1 an après la rémission car risque élevé de rechute en cas de comorbidités.

Psychothérapie

  • Une psychothérapie doit être privilégiée, si elle peut être mis en place de manière efficace et continue.
  • La thérapie interpersonnelle et la thérapie cognitivo-comportementale rassemblent les études randomisées contrôlées les plus nombreuses pour les dépressions périnatales légères à modérées.

Hospitalisation

  • En cas d'EDC d'intensité sévère, une hospitalisation dans une unité d'hospitalisation mère-enfant est souhaitable.

Traitement médicamenteux

  • Un traitement par antidépresseurs ne doit être utilisé pendant la grossesse que s'il est strictement nécessaire.
  • Choix de la molécule :
    • prendre en compte le souhait d'allaitement ou non
    • en cas de réponse efficace à un antidépresseur antérieurement à la grossesse, il est recommandé de poursuivre avec ce même traitement
Antidépresseurs utilisables Grossesse (quelque soit le terme) Allaitement
ISRS fluoxétine, sertraline, paroxétine, citalopram, escitalopram paroxétine, sertraline
IRSN venlafaxine -
Imipraminiques clomipramine, amitriptyline, imipramine
  • L'équipe obstétricale doit être informée du traitement antidépresseur de la femme enceinte.
  • Surveillance à l'approche de l'accouchement :
    • en concertation avec l'équipe obstétricale, la diminution des posologies pour éviter chez le nouveau-né les effets anticholinergiques (cognitifs, cardiaques et digestifs) des antidépresseurs imipraminiques à fortes doses et le syndrome d'arrêt des antidépresseurs, est à mettre en balance avec les risques de rechute ou de récidive chez la mère
    • une surveillance néonatale est instaurée dans les jours qui suivent l'accouchement
  • L'indication d'allaitement pour une femme traitée par antidépresseurs doit être discutée en fonction du rapport bénéfices/risques pour la mère et pour l'enfant.

Voir Épisode dépressif caractérisé à l'adolescence : diagnostic et orientation

Guide de pratique clinique

Episode dépressif caractérisé à l'adolescence : diagnostic et orientation

et Épisode dépressif caractérisé à l'adolescence : prise en charge

Guide de pratique clinique

Episode dépressif caractérisé à l'adolescence : prise en charge