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  • On distingue la sédation proportionnée et la sédation profonde et continue maintenue jusqu'au décès (SPCMD).
  • Les conditions de mise en œuvre d'une SPCMD sont prévues par la loi et nécessitent une procédure collégiale.
  • Le midazolam intra-veineux est le traitement de choix.
  • L'ensemble des médicaments proposés sont hors AMM
    ​Le midazolam a obtenu l’AMM en décembre 2021 pour la sédation en soins palliatifs : "sédation proportionnée et sédation profonde et continue" source : BDPM
    .
  • Pour l'antalgie des douleurs rebelles en situation palliative, voir .

  • La sédation en situation palliative est la recherche, par des moyens médicamenteux, d'une diminution de la vigilance pouvant aller jusqu'à la perte de conscience.
    • son but est de diminuer ou de faire disparaître la perception d'une situation vécue comme insupportable par le patient
    • elle est évaluée à l'aide de l' échelle RASS
      Echelle de vigilance-agitation de Richmond
      (Figure
      1
      )
    • il s'agit d'un traitement de dernière intention : tous les autres moyens disponibles et adaptés à cette situation ont pu lui être proposés et/ou mis en œuvre sans permettre le soulagement escompté
  • Il existe 2 types de pratiques sédatives :
    • les sédations proportionnées, de profondeur et de durée proportionnelles au soulagement du symptôme et réversible. Elles peuvent être :
      • légères (RASS -2 ou -3) ou profondes (RASS -4)
      • courtes (uniquement dose initiale) ou prolongées (dose initiale + dose d'entretien)
    • les sédations profondes et continues provoquant une altération de la conscience maintenue jusqu'au décès (SPCMD). Elles nécessitent des conditions de mise en œuvre spécifiques (voir cadre légal d'une SPCMD)
Figure 1. Échelle de vigilance-agitation de Richmond (RASS)
Figure 1. Échelle de vigilance-agitation de Richmond (RASS)
  • Les pratiques sédatives peuvent se réaliser en tout lieu.
  • L'équipe qui prend en charge le patient s'appuie sur les structures disponibles disposant d'une équipe ayant les compétences en soins palliatifs.

Médicaments utilisables

  • En 1e intention : le midazolam est la benzodiazépine recommandée (tableau 1) :
    • de préférence par voie intra-veineuse, sinon sous-cutanée
    • il est obtenu par rétrocession par une pharmacie hospitalière
      le midazolam est disponible en ville depuis décembre 2021 et a une AMM pour la sédation en soins palliatifs : "sédation proportionnée et sédation profonde et continue". Source BDPM
      , en précisant sur la prescription : « dans le cadre d'une prise en charge palliative » ; le stockage dans un lieu sécurisé est nécessaire
  • En l'absence de midazolam : d'autres benzodiazépines comme le diazépam ou le clonazépam sont utilisables (tableau 2).
  • Des antalgiques seuls, notamment les opioïdes, ne peuvent pas être utilisés comme sédatifs.
  • En cas d'efficacité insuffisante du midazolam, il est recommandé d'envisager rapidement des médicaments sédatifs de 2e intention, après avis d'un médecin expérimenté dans les pratiques sédatives. Les neuroleptiques sont à privilégier (avec poursuite du midazolam) :
    • chlorpromazine en cas de sédation IV
    • lévomépromazine, plus sédative, en cas de sédation SC
  • Lorsque la prise en charge médicamenteuse de 2e intention est insuffisante, un transfert en service spécialisé doit être discuté.

Tableau 1. Posologie du midazolam dans la sédation en soins palliatifs
  Voie intra-veineuse Voie sous-cutanée
Titration / dose de charge (jusqu'à obtention de la sédation souhaitée) 0,5-1 mg toutes les 2-5 min
​prudence chez la personne âgée, en cas d’insuffisance d’organe, de dénutrition ou de déshydratation
0,05 à 0,1 mg/kg toutes les 20 à 30 min
Dose de charge supplémentaire dans les situations de détresse*
*après avis d'un médecin expérimenté dans les pratiques sédatives. Association d'opioïde de manière synchrone également possible
2 à 5 mg 2 à 5 mg éventuellement en intra-musculaire
​délai d’action plus rapide
Dose d'entretien (si nécessaire)
  • dans la sédation proportionnée : dose horaire de 50 % de la dose cumulée nécessaire à la titration
  • dans la SPCMD : dose horaire de 50 à 100 % de la dose cumulée nécessaire à la titration
  • puis proportionnellement au besoin de soulagement et au nombre de doses de secours nécessaires
Administration continue (en l'absence de titration / dose de charge) 0,5 à 1 mg/h avec évaluation toutes les 30 min et adaptation du débit
Dose de secours (bolus)
  • dans la sédation proportionnée : dose reçue en 1 heure /2-3 min
  • dans la SPCMD : 1 mg (en 30 sec) / 2 min
dose reçue en 1 heure / 20-30 min
Tableau 2. Posologie des autres benzodiazépines pour l'induction de la sédation en soins palliatifs
  Voie intra-veineuse Autre voie
diazépam 5 mg en IV lente, renouvelable une fois après 15 minutes 5 mg en intra rectal, renouvelable une fois après 15 minutes
clonazépam
Contrairement aux formes orales, le clonazépam sous forme injectable n’est soumis à aucune condition de prescription et de délivrance en dehors de son inscription à la liste I
0,5 mg en IV, renouvelable une fois après 15 minutes 1 mg en SC, renouvelable une fois après 30 minutes
  • En cas de détresse nécessitant un soulagement urgent, les posologies des voies rectale et sous-cutanée peuvent être doublées.
  • Chez les patients à risque (âgés, insuffisants hépatiques et rénaux, cachectiques), ces doses initiales doivent être diminuées de moitié.

Au préalable

  • Mettre en œuvre l'ensemble des bonnes pratiques de contrôle des symptômes.
  • Rechercher et traiter les autres causes d'agitations (notamment anxiété, douleur, fécalome, globe vésical).
  • Une sédation n'est pas le traitement d'un symptôme ou d'une souffrance encore incorrectement évaluée ou traitée.

Mise en œuvre

  • Pour les médicaments et leur posologie, voir médicaments de la sédation.
  • Une évaluation clinique est recommandée pour adapter le traitement. Elle s'appuie sur 3 critères :
    • la profondeur de la sédation selon l'échelle RASS. Voir (Figure
      1
      )
    • le degré de soulagement du symptôme réfractaire à l'aide d'échelles d'hétéro-évaluation, en l'absence de stimulation et durant les soins :
    • les effets indésirables : réveil avec syndrome confusionnel, tachyphylaxie avec nécessité d'augmenter les doses, dépression respiratoire, vomissements

  • Une sédation profonde et continue maintenue jusqu'au décès (SPCMD) peut être mise en œuvre chez un patient atteint d'une affection grave et incurable qui demande d'éviter toute souffrance et de ne pas subir d'obstination déraisonnable et :
    • qui présente une souffrance réfractaire
      ​Une souffrance est dite réfractaire si tous les moyens thérapeutiques et d'accompagnement disponibles et adaptés ont été proposés et/ou mis en œuvre
      aux traitements avec pronostic vital engagé à court terme
      ​Pour la SFAP, un pronostic vital engagé à court terme correspond à une espérance de vie de quelques heures à quelques jours. En cas de délai supérieur à 2 semaines, une sédation réversible de profondeur proportionnée au besoin de soulagement est discutée avec le patient.
    • ou qui décide d'arrêter un traitement, engageant son pronostic vital à court terme et est susceptible d'entraîner une souffrance insupportable (exemple : arrêt d'une ventilation assistée)
  • La SPCMD peut être mise en œuvre chez un patient qui ne peut pas exprimer sa volonté et chez qui un traitement de maintien en vie est arrêté au titre du refus de l'obstination déraisonnable, sauf si le patient s'y est opposé dans ses directives anticipées.
  • Les conditions de mise en œuvre d'une SPCMD sont prévues par la loi . Elle se déroule en 4 étapes :
    • demande du patient
      • une personne qui n'est pas en état d'exprimer sa volonté a droit aussi à la SPCMD via une procédure collégiale
    • réalisation d'une procédure collégiale pour poser l'indication
    • information du patient avant la SPCMD
    • mise en œuvre de la SPCMD

  • Elle doit être libre et éclairée. Le patient doit avoir la capacité de discernement pour prendre des décisions concernant sa santé.
  • Suite à une demande de SPCMD par le patient (et des titulaires de l'autorité parentale si patient mineur), il convient de :
    • l'évaluer de façon pluridisciplinaire. Une évaluation par un psychiatre ou un psychologue clinicien est fortement recommandée (caractère global de la souffrance)
    • demander éventuellement l'appui précoce d'une équipe palliative
    • répéter les entretiens sans retarder la mise en œuvre des moyens nécessaires au soulagement du patient
    • informer le patient sur :
      • les autres possibilités thérapeutiques
      • les textes de loi
      • les conséquences de sa demande
      • la différence entre SPCMD et euthanasie , notamment le fait que la sédation ne semble pas avoir d'impact sur la durée de vie
    • encourager l'échange du patient avec ses proches et informer les proches (avec l'accord du patient)

Procédure collégiale

  • L'indication d'une SPCMD se fait obligatoirement au cours d'une procédure collégiale, qui regroupe :
    • le médecin prenant en charge le patient
    • un médecin extérieur à l'équipe, sans lien hiérarchique avec le médecin prenant en charge le patient
    • les membres de l'équipe soignante (présence recommandée mais non obligatoire)
  • Elle nécessite une réunion.
  • La décision finale est prise par le seul médecin prenant en charge le patient, qui formalise dans le dossier sa décision et ses motivations.
  • Pour plus d'informations, voir les modalités de la procédure collégiale pour une SPCMD.

Exigences organisationnelles

  • S'appuyer sur une équipe spécialisée en soins palliatifs pour avoir un médecin référent, prévenu et joignable.
  • Le médecin en charge du patient et un(e) infirmier(ère) doivent être joignables 24 h/24.
  • Un relais continu de l'entourage capable d'alerter (proches, bénévoles, auxiliaires de vie, etc.) doit être mis en place.
  • Un lit de repli en établissement de santé doit être prévu.
  • Le médecin en charge du patient, responsable de la décision, rédige la prescription.

  • Informations du patient, et éventuellement des proches après accord :
    • modalités de la sédation
    • lieu et moment souhaités
    • soins de confort, accompagnement des proches
  • Informations des proches après accord du patient :
    • expliquer le droit du patient à demander une SPCMD, les finalités et les modalités de la sédation
    • le soutien dont ils pourront bénéficier
    • expliquer les possibilités d'accompagnement d'une personne avec laquelle il n'y a plus d'interaction (participer au « prendre soin ») : présence, lui parler, le toucher, continuer à parler en sa présence, etc.
  • Le contenu de ces dialogues est transcrit dans le dossier médical du patient et le cahier de liaison.

Mise en œuvre de la sédation

  • L'infirmier(ère) débutera l'administration des médicaments en présence du médecin prescripteur.
  • L'infirmier(ère) et le médecin surveillent le patient jusqu'à ce qu'il soit stabilisé : l'évaluation du traitement est effectuée toutes les 15 min pendant la 1ère heure puis au moins 2 fois par jour à domicile ou 3 fois par jour en Ehpad.
  • L'évaluation s'appuie sur 3 critères :
  • Le degré de soulagement du symptôme réfractaire à l'aide d'echelles d'hétéro-évaluation, en l'absence de stimulation et durant les soins :
    • douleur : échelles Algoplus, ECPA...
    • dyspnée : échelle RDOS
    • les effets indésirables : réveil avec syndrome confusionnel, tachyphylaxie avec nécessité d'augmenter les doses, dépression respiratoire, vomissements
  • Les consignes doivent être laissées par écrit (exemple de Feuille de surveillance SPCMD) : conduite à tenir en cas d'événement inattendu, d'urgence (remplir notamment la Fiche Urgences Pallia ).

Mesures associées

  • Seuls les traitements participant au maintien du confort du patient sont poursuivis :
    • prise en charge de la douleur (association systématique d'un antalgique dans la SPCMD)
    • soins de confort en respectant l'intégrité physique et morale du patient et en lui parlant (soins de bouche, hygiène...)
  • L'hydratation et la nutrition artificielles devraient être arrêtées, ce qui peut soulever un problème pour les proches ou les soignants. Il est important d'indiquer que :
    • les besoins d'hydratation et de nutrition sont diminués en fin de vie
    • les soins de bouche sont systématiques et diminuent la sensation de soif
    • la poursuite de l'hydratation peut avoir des conséquences sources d'inconfort (œdème et épanchement, augmentation des sécrétions salivaires, bronchiques et digestives)
    • si, malgré ces explications, la volonté du patient ou des proches est de poursuivre l'hydratation, elle sera maintenue à faible volume (250 ml/24 h chez l'adulte), sauf en cas d'effet indésirable grave (encombrement, etc.)
  • Soutien des proches et des professionnels.

Auteurs de la synthèse : Higel, Thomas; Tangtakoun, Annie; Peltier, Agnès