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  • L'endométriose nécessite une prise en charge lorsqu'elle a un retentissement fonctionnel (douleur, infertilité) ou lorsqu'elle entraîne une altération du fonctionnement d'un organe.
  • Les données ne sont pas en faveur d'une progression de l'endométriose au fil du temps, que ce soit en termes de volume ou de nombre des lésions.
  • En l'absence de symptômes, il n'y a pas lieu de faire une surveillance systématique par imagerie des patientes traitées pour endométriose C
    Gradation des recommandations HAS
    .

  • L'endométriose est définie par la présence de glandes et/ou de stroma endométrial en dehors de l'utérus. C'est une définition purement histologique, la présence de lésions d'endométriose n'est pas systématiquement responsable de symptômes cliniques.
  • Il existe un consensus pour parler d'endométriose maladie lorsqu'il s'y associe des douleurs et/ou une infertilité. On distingue trois formes souvent associées entre-elles :
    • endométriose superficielle : endométriose limitée au péritoine
    • endométriome ovarien : kyste endométriosique de l'ovaire
    • endométriose profonde : endométriose qui infiltre l'espace rétropéritonéal ou les viscères (rectum, vagin, utérus, vessie, uretère, intestin grêle, etc)
  • L'adénomyose, définie par la présence de glandes et/ou de stroma endométrial dans le myomètre utérin avec inflammation et hypertrophie myométriale réactionnelles, est souvent associée à l'endométriose, suggérant une origine qui pourrait être commune. Comme pour l'endométriose, la présence d'une adénomyose n'est pas systématiquement à l'origine de symptômes. L'adénomyose n'est pas abordée dans la recommandation.

  • L'endométriose est une maladie multifactorielle, résultant de l'action combinée de facteurs génétiques et environnementaux, et de facteurs liés aux menstruations.
  • Les données ne sont pas en faveur d'une progression de l'endométriose au fil du temps, que ce soit en termes de volume ou de nombre des lésions.

  • La prévalence de l'endométriose est difficile à estimer en population générale. La prévalence de l'endométriose chez les femmes présentant des algies pelviennes chroniques varie de 2 à 74 % selon les études, ces études restent hétérogènes.
  • La prévalence de l'endométriose chez les femmes ayant des algies pelviennes aiguës serait supérieure à 33 %.
  • Une incidence annuelle autour de 0,1 % a été rapportée chez les femmes âgées de 15 à 49 ans.

L'endométriose n'a pas systématiquement de conséquences pathologiques et peut être observée chez des femmes indolores et fertiles. En conséquence :
  • Pas de dépistage de l'endométriose dans la population générale AE
    Gradation des recommandations HAS
    .
  • Le risque de développer une endométriose pour les apparentées au premier degré est cinq fois plus élevé que dans la population générale.
  • Pas de dépistage dans des populations à risque augmenté, que ce soit sur des facteurs génétiques (endométriose chez une apparentée) ou sur des facteurs de risques menstruels (volume menstruel augmenté, cycles courts, premières règles précoces) C
    Gradation des recommandations HAS
    .

Endométriose et cancer

  • Le lien causal entre endométriose et cancer de l'ovaire n'est pas démontré.
  • Il n'y a donc pas lieu de faire un dépistage du cancer de l'ovaire chez les patientes souffrant d'une endométriose B
    Gradation des recommandations HAS
    .

Démarche diagnostique

Figure 1. Les examens de première intention
Figure 1. Les examens de première intention

Symptômes

  • Les principaux symptômes évocateurs de l'endométriose sont :
    • les dysménorrhées intenses : évaluées par une intensité de la douleur de 8 ou plus, un absentéisme fréquent, ou une résis­tance aux antalgiques de niveau 1
    • l'infertilité

Les examens de première intention

(voir Démarche diagnostique Figure
1
)
Les examens de première intention sont l'examen clinique (gynécologique) et l'échographie pelvienne (par voie endovaginale).
  • Faire un examen gynécologique orienté (si possible) incluant l'examen du cul-de-sac vaginal postérieur, à la recherche de signes évocateurs :
    • visualisation de lésions bleutées à l'examen au spéculum du vagin
    • palpation de nodules au niveau des ligaments utérosacrés ou du cul-de-sac de Douglas
    • douleur à la mise en tension des ligaments utérosacrés
    • utérus rétroversé
    • annexes fixées au toucher vaginal
  • Aucun dosage biologique n'est utile au diagnostic de l'endométriose
  • L'échographie endovaginale à la recherche de foyer endométriosique
    • est une technique performante pour affirmer ou infirmer le diagnostic d'endométriose ovarienne (endométriome), en présence d'un aspect typique. L'échographie pelvienne et l'IRM pelvienne ont des performances similaires pour le diagnostic d'endométriose ovarienne typique. Le diagnostic d'endométriome peut être réalisé par un échographiste non expert en endométriose
    • le diagnostic d'endométriome doit être posé avec prudence après la ménopause pour ne pas méconnaître une tumeur maligne

Les examens de seconde intention

  • Ces examens sont destinés à :
    • évaluer l'extension de l'endométriose
    • prévoir la prise en charge spécialisée
  • Indications :
    • infertilité
    • symptômes évocateurs d'une endométriose profonde B
      Gradation des recommandations HAS
    • découverte d'un endométriome lors du bilan initial. Chez ces patientes, la fréquence des lésions d'endométriose profonde associées est élevée. Dans cette situation, il est recommandé de rechercher une endométriose profonde C
      Gradation des recommandations HAS
    • découverte d'une masse ovarienne indéterminée B
      Gradation des recommandations HAS
    • inefficacité du traitement médical de première intention
  • Les examens de 2e intention sont :
    • l'examen pelvien orienté (clinicien référent), avec recherche d'une endométriose profonde en cas de douleur à la défécation pendant les règles, de signes urinaires cycliques, de dyspareunie profonde intense, ou d'infertilité associée
    • l'IRM pelvienne (interprétée par un radiologue référent) B
      Gradation des recommandations HAS
    • l'échographie endovaginale (échographiste référent) B
      Gradation des recommandations HAS
  • L'échographie pelvienne et l'IRM apportent des informations différentes et complémentaires. La réalisation de ces deux examens est à discuter en fonction du type d'endométriose suspecté, de la stratégie thérapeutique envisagée et de l'information à donner à la patiente.
  • Le compte rendu des examens (IRM ou échographie) doit décrire la taille des lésions ainsi que les localisations anato­miques de l'endométriose visibles sur l'examen B
    Gradation des recommandations HAS
    .
  • Des examens complémentaires de 3e intention peuvent être demandés par le spécialiste dans des situations spécifiques.

  • L'endométriose nécessite une prise en charge uniquement lorsqu'elle a un retentissement fonctionnel (douleur, infertilité) ou lorsqu'elle entraîne une altération du fonctionnement d'un organe.
  • Les praticiens sont invités à dispenser une information éclairée sur les alternatives thérapeutiques et les risques attendus de chacun des traitements et de prendre en compte les attentes et préférences de la patiente.

Prise en charge de la douleur

Traitement antalgique

  • Eviter la prescription d'AINS au long cours (effets secondaires importants gastriques et rénaux).
  • En cas de douleurs chroniques : évaluation interdisciplinaire (gynécologues, algologues, sexologues, psychologues et assistantes sociales).

Traitement hormonal

En l'absence de contre-indication et de désir de grossesse

En 1° intention
  • Contraception par œstroprogestatifs (COP) B
    Gradation des recommandations HAS
    :
    • elle réduit la dysménorrhée, les dyspareunies et les douleurs pelviennes chroniques
    • le dosage d'EE (20 versus 35 µg) n'influence pas l'efficacité sur la douleur
    • en pratique clinique, l'aménorrhée fait disparaître/diminuer la dysménorrhée. Néanmoins, il n'existe pas de preuve solide d'une supériorité du schéma continu ou cyclique de la contraception œstroprogestative dans la prise en charge des douleurs liées à l'endométriose non opérée
  • DIU au lévonorgestrel à 52 mg B
    Gradation des recommandations HAS
    :
    • aucune donnée n'est disponible avec le DIU au lévonorgestrel à 13,5 mg
En 2° intention Cas particulier de l'adolescente
  • COP ou microprogestative en première intention.
  • En cas d'échec : avis spécialisé pour préciser la meilleure stratégie diagnostique et thérapeutique à adopter.

Traitement non médicamenteux

Traitement chirurgical

  • L'objectif du traitement chirurgical est de diminuer la symptomatologie douloureuse, et/ou éventuellement d'améliorer le taux de grossesse spontanée selon la localisation de l'endométriose et la technique chirurgicale utilisée.
  • Le choix du traitement chirurgical est guidé par :
    • l'efficacité et les effets indésirables des traitements
    • l'intensité et la caractérisation de la douleur
    • la sévérité et la localisation de l'endométriose
    • les attentes de la patiente et un éventuel souhait de grossesse
  • La voie d'abord chirurgicale cœlioscopique est recommandée.
  • Avant la chirurgie, il n'y a pas de preuve permettant de recommander systématiquement un traitement hormonal préopératoire dans le seul but de prévenir le risque de complication chirurgicale, de faciliter la chirurgie, ou de diminuer le risque de récidive de l'endométriose.
  • En post opératoire, un traitement hormonal est recommandé (en l'absence de souhait de grossesse et de contre-indication) :

Prise en charge de l'infertilité dans un contexte d'endométriose

  • L'association infertilité / endométriose semble établie, mais il existe très peu d'études prospectives de cohortes étudiant les chances de grossesse spontanée chez ces patientes.
  • Prise en charge globale en tenant compte :
    • des douleurs qui peuvent être associées à l'infertilité
    • du bilan pré thérapeutique du couple infertile
    • du phénotype des lésions endométriosiques
  • Prise en charge multidisciplinaire : radiologues spécialisés en imagerie de la femme, gynécologues médicaux, chirurgiens gynécologues, urologues et digestifs, praticiens spécialisés en AMP, praticiens de la douleur et psychologues.
  • La prescription d'un traitement hormonal anti gonadotrope ne permet pas d'augmenter le taux de grossesse.

Place des « nouveaux » traitements

  • Il n'y a pas lieu de prescrire les anti-aromatases, les SERM (modulateurs des récepteurs sélectifs de l'œstrogène), les SPRM (modulateurs des récepteurs sélectifs de la progestérone) et les anti-TNF-a C
    Gradation des recommandations HAS
    .
  • Il n'y a pas lieu de prescrire de SERM en postopératoire d'une chirurgie d'endométriose B
    Gradation des recommandations HAS
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Auteurs de la synthèse : Rambaud, Claire; Frémaux, Simon