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ebm00018
2020/05
2020/12
Guides de pratique clinique
Adapté au contexte français par l’équipe éditoriale
Infection à VIH
15/05/2025
Libre d'accès
Thème : Infectiologie

​​La HAS recense sur son site la liste de ses publications en lien avec le VIH. 

Elle a également publié une synthèse sur la consultation de suivi en médecine générale d'un patient sous traitement antirétroviral. 

Voir également les sites web de l'ECDC , de l'OMS et du CDC .

  • L'identification des personnes infectées par le VIH est essentielle.
  • Suspecter une infection à VIH sur les bases cliniques
    • chez les patients exposés à une infection à VIH lors de rapports sexuels non protégés ou d’injections
    • chez les patients qui ont des antécédents de comportements à haut risque et qui présentent des symptômes suggérant une primo-infection à VIH
    • chez les patients souffrant d'immunosuppression inexpliquée ou d'épisodes récurrents de fièvre d'origine inconnue, perte de poids involontaire, démence, candidose œsophagienne, thrombopénie ou anémie sans cause évidente.
  • Le test du VIH devient positif 1 à 3 mois après avoir contracté l’infection. Afin d'exclure la possibilité d'une infection par le VIH, suivre le développement des anticorps pendant 3 mois. Les symptômes primaires peuvent se manifester 2 à 6 semaines après la transmission.
  • Référer les personnes infectées par le VIH aux soins spécialisés selon les directives locales immédiatement après avoir posé le diagnostic.
  • Il n'existe pas de remède contre l'infection à VIH, mais une thérapie combinée (cART = thérapie antirétrovirale combinée, anciennement TAHA - traitement antirétroviral hautement actif) améliore l'espérance de vie des patients pour se rapprocher de celle de la population séronégative au VIH.

  • Selon l’OMS, en 2018, on estimait à 1,7 million le nombre de nouvelles infections par le VIH diagnostiquées dans le monde, un total d'environ 770 000 personnes sont décédées de maladies liées à l'infection à VIH et on dénombrait près de 38 millions de porteurs de l'infection à VIH.
  • En Europe occidentale, les nouvelles infections sont souvent liées au tourisme, à la prostitution et à l'utilisation de drogues par voie intraveineuse.

Primo-infection

  • La primo-infection par le VIH se développe chez 30–50 % des patients infectés, 2–6 semaines après avoir contracté le virus.
  • Parmi les symptômes, citons : fièvre, fatigue, maux de gorge, céphalées, diarrhées, myalgies, arthralgies et parfois adénomégalie, ainsi qu'une éruption de petites papules sur le corps. La primo-infection ressemble souvent à la mononucléose.
  • Les symptômes disparaissent en un mois.
  • Le diagnostic est rendu difficile par le fait que lors de la primo-infection, une partie des patients ont encore un résultat négatif au test VIH (Ag + Ac). Il convient donc de répéter le test VIH (Ag + Ac) après 3 mois en cas de suspicion d'une primo-infection, lorsque le premier test est resté négatif.

Phase asymptomatique

  • Elle dure plusieurs années et dans certains cas, plus de 10 ans.

Infection à VIH symptomatique

  • Le nombre de cellules CD4 descend souvent en-dessous de 0,35 × 109/l.
  • Une augmentation de la charge virale est souvent prédictive de l'émergence des symptômes.
  • Les symptômes sont non spécifiques, comme la perte de poids, la fièvre et une diarrhée persistante.
  • Le zona, la candidose oropharyngée et la dermite séborrhéique sont aussi indicatrices d’une réduction de la réponse immunitaire. Voir aussi l'illustration 1.
Figure 1. Folliculite à éosinophiles. La folliculite à éosinophiles fait partie des symptômes cutanés de la phase tardive de l’infection par le VIH.

Illustration : Raimo Suhonen

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SIDA (Syndrome d'immunodéficience acquise)

  • Le SIDA se définit comme une infection par le VIH associée à au moins l'une des maladies opportunistes officiellement répertoriées.
  • L'introduction de la cART a considérablement réduit l'apparition des maladies opportunistes.
  • Les maladies opportunistes les plus courantes en Europe occidentale sont :
    • l'œsophagite ou la stomatite fongique
    • la pneumonie à Pneumocystis jirovecii
    • les infections causées par des mycobactéries atypiques (M. avium-intracellulare)
    • le sarcome de Kaposi.
  • La tuberculose est une maladie associée fréquente dans de nombreux pays.

  • Le test VIH peut être indiqué en particulier dans les situations cliniques suivantes :
    • il existe des antécédents de comportement à haut risque : rapports sexuels non protégés avec des partenaires occasionnels ou des prostituées, ou usage de drogues par voie intraveineuse
    • maladies sexuellement transmissibles
    • fièvre, diarrhée, perte de poids ou démence d'origine inconnue
    • thrombopénie inexpliquée
    • pneumonie à Pneumocystis jirovecii (pneumonie opportuniste caractérisée typiquement par un début lent, une dyspnée d'effort, une hypoxémie et une fièvre légère ou modérée)
    • candidose orale étendue associée à une dysphagie ou une douleur à la déglutition (candidose œsophagienne)
    • sarcome de Kaposi (taches couleur vin rouge ou violettes ou tumeurs au niveau du palais, des gencives ou de la peau)
    • diagnostic d'hépatite B ou C
    • le patient présente des symptômes et des signes évoquant une primo-infection à VIH
    • cancer du col de l’utérus, du moins s’il est diagnostiqué chez une jeune femme
    • diagnostic de lymphome
    • tuberculose
    • pneumopathie communautaire
    • Il est recommandé d'inclure un test VIH dans les bilans de santé des immigrants provenant de régions endémiques.
  • Toujours tester la sérologie VIH quand le patient le demande. Proposer le dépistage du VIH si l'on sait qu'un comportement exposant une personne à l'infection à VIH, comme des contacts sexuels occasionnels non protégés ou une consommation de drogues intraveineuses, a eu lieu.
  • Informer le patient de toute intention d’effectuer un test VIH. Si le patient refuse le test, examiner plus en détail avec lui les problèmes et éventuels préjudices causés par le retard du diagnostic, tant pour le patient lui-même/elle-même que pour le personnel soignant (examens supplémentaires et durée de traitement prolongée) et les autres personnes (risque d'infection).
  • Le résultat d'un test VIH est fiable lorsque 3 mois se sont écoulés après l'exposition. Pendant la période de suivi, il est impératif d'utiliser un préservatif de manière systématique lors des rapports sexuels B
    Consistent use of condoms appears to result in 80% reduction in HIV incidence.
    .
  • Les maternités offrent un dépistage volontaire aux femmes enceintes.

  • Test VIH combiné (Ag + Ac)
    • Lorsqu'un patient est identifié pour la première fois comme séropositif, il est recommandé de prélever un échantillon de contrôle afin d’exclure toute confusion potentielle entre les échantillons. Des échantillons supplémentaires peuvent s'avérer nécessaires, par ex. à des fins d'archivage, conformément à la législation nationale.
  • Le test devient positif 2–4 semaines après l'apparition des symptômes ou au plus tard 3 mois après avoir contracté le virus. Si la personne a reçu un traitement prophylactique contre le VIH après l'exposition, surveiller les résultats de tests jusqu’à 6 mois après l’exposition.

  • Consulter les directives et politiques locales concernant le lieu de traitement approprié et la surveillance des patients infectés par le VIH. Référer le patient aux soins d'un spécialiste dès que l'infection est détectée.
  • Toujours prévoir un temps suffisant pour annoncer un résultat positif au patient. Donner aussi au patient les coordonnées de contact ad hoc afin d'obtenir de plus amples informations ou un soutien psychologique (lignes téléphoniques d'aide sur le HIV, organisations de soutien par des pairs, etc.). Si nécessaire, il est possible de consulter un spécialiste des maladies infectieuses avant la rencontre avec le patient.
  • Si le résultat est négatif, donner au patient des conseils sur les comportements à haut risque et la nécessité éventuelle d'un nouveau test.
  • Tout service qui effectue des tests VIH doit être en mesure de fournir au patient dont le test est positif des informations générales concernant le mode de transmission du VIH, l'évolution de la maladie et les choix de traitements disponibles. Le service doit également être préparé à répondre à toute question relative aux besoins quotidiens en matière d’hygiène, etc. B
    HIV counseling and testing appears to induce change in risk-related behaviour.
    .
  • La stadification de la maladie et l'évaluation du pronostic individuel du patient, ainsi que la décision des traitements médicamenteux spécifiques, sont effectuées par une équipe de spécialistes.
  • Dès l'obtention d'un résultat positif, mettre tout en œuvre pour identifier et informer les personnes avec lesquelles le patient a eu des contacts et les encourager à accepter de faire le test.
  • Faire une notification officielle de maladie infectieuse.
  • Si le patient est un toxicomane par voie intraveineuse, débuter un programme de vaccination contre l'hépatite B sauf s’il a déjà eu la maladie ou s’il a déjà été vacciné. Rechercher aussi les anticorps de l’hépatite C.
  • Le suivi du patient est généralement assuré en permanence par une équipe spécialisée dans les maladies infectieuses. Les patients sous traitement médicamenteux doivent généralement être vus tous les 3 à 6 mois.

Autres résumés d'éléments de preuve

Traitement spécifique par médication contre le VIH

  • Le traitement de l'infection à VIH nécessite des compétences spécialisées ; la prescription et la surveillance des thérapies médicamenteuses doivent se dérouler en centres dotés d'une expertise particulière.
  • Le développement des médicaments contre le VIH a considérablement amélioré le pronostic de l'infection à VIH. Il n'existe pas de remède, mais on arrive à prolonger de plusieurs dizaines d'années l'espérance de vie d'un patient séropositif. La qualité de vie des patients s’est également nettement améliorée, ainsi que la capacité à poursuivre leur vie professionnelle.
  • On propose un traitement médicamenteux contre l'infection à VIH à toutes les personnes infectées capables de s'engager dans la thérapie. Il est particulièrement important de commencer le traitement médicamenteux chez les personnes atteintes de la forme symptomatique de la maladie et chez la femme enceinte (pour prévenir la transmission verticale) A
    Zidovudine, nevirapine and delivery by elective caesarean section are very effective in decreasing the risk of mother-to-child transmission of HIV infection.
    .
  • Le traitement consiste généralement en une association de trois médicaments antiviraux (cART) A
    Combination of three or four antiviral drugs results in reduced rate of virologic failure.
    .
  • Au cours d’un traitement médicamenteux efficace, la charge virale plasmatique est inférieure au seuil de détection (20 copies/ml) et en raison de l'efficacité du traitement, le nombre de cellules CD4 augmente, le risque de complications diminue et le risque de transmission diminue significativement.
  • Dès que le traitement antiviral a débuté, il est d’importance vitale de le poursuivre de façon ininterrompue.
    • Le développement d’une pharmacorésistance et d’une perte d’efficacité peuvent survenir suite à l'adhésion irrégulière au traitement.
    • Le traitement ne doit pas être interrompu sans consultation préalable du médecin chargé du traitement.
    • Un traitement médicamenteux efficace à long terme diminue considérablement la contagiosité du VIH.
  • L'observance du patient est le facteur le plus contributif au succès du traitement médicamenteux contre l'infection à VIH.
    • Pour faciliter l’administration d’une dose à la même heure chaque jour, des changements de mode de vie peuvent être nécessaires.
    • Pour maintenir une réponse au traitement à long terme, le patient doit prendre au moins 95 % des doses de médicaments à l'heure prévue.
  • Le risque de transmission fœtale est inférieur à 1 % à condition que l'infection maternelle soit détectée à temps et que le traitement cART diminue la charge virale plasmatique maternelle en-dessous du seuil de détection avant l'accouchement.
  • Voir aussi les recommandations européennes EACS et les recommandations NIH .

Prophylaxie pré-exposition (PrEP)

  • Depuis 2021, tout médecin est autorisé à prescrire la PrEP
  • ​La HASa publié des recommandations sur l'utilisation de la PrEP
  • Le CMG a réalisé une fiche pratique sur la primo-prescription en soins primaires
  • Forma Santé Sexuelle est une plateforme d'apprentissage en ligne gratuite autour de la santé sexuelle (avec module de formation sur la PrEP)
Traitement post-exposition (TPE)
  • Le TPE  peut être prescrit en milieu hospitalier, en Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) ou en centre de santé sexuelle d’approche communautaire (CSSAC). 
  • En dehors des heures d’ouvertures des services concernés: prescription dans les structures d’urgence 
  • La HAS a publié des recommandation sur l'utilisation du TPE​
 
  • Ces patients consultent leur médecin généraliste plus souvent qu’auparavant pour des problèmes de santé courants comme l’hypertension, le diabète, les infections courantes, les problèmes dentaires ou cutanés ou les problèmes sans aucun rapport avec leur séropositivité au VIH.
    • Les médicaments contre le VIH interagissent avec plusieurs autres médicaments. Il est possible que les concentrations de certains médicaments soient trop élevées ou trop faibles. Si nécessaire, consulter un médecin du centre responsable de la pharmacothérapie antivirale du patient.
    • Dans tous les cas peu clairs, en particulier si le taux de CD4 du patient est particulièrement bas, consulter par téléphone l’unité de traitement spécialisée quand un patient séropositif au VIH présente une maladie fébrile.
  • Par un traitement médicamenteux prophylactique (PEP = prophylaxie post-exposition), il est possible de réduire de manière significative le risque d’infection à VIH après une exposition professionnelle ou autre (par ex. rupture du préservatif pendant un rapport sexuel d'un couple sérodiscordant). Il est recommandé de commencer le traitement prophylactique le plus tôt possible, de préférence dans les 2 heures suivant l’exposition, mais au plus tard 72 heures après l'exposition. Consulter le centre de traitement des patients VIH le plus proche pour savoir si un traitement prophylactique est indiqué.
  • Il a été démontré que le traitement médicamenteux prophylactique initié avant l'exposition (PrEP = prophylaxie pré-exposition), lorsqu'il est utilisé correctement, prévient les infections à VIH associées à l'hétérosexualité, aux relations sexuelles entre hommes et à l'utilisation de drogues intraveineuses illégales.
    • Le prestataire du traitement PrEP doit être très familier avec les infections à VIH, ainsi qu'avec les maladies sexuellement transmissibles et le comportement sexuel.
    • La PrEP n'est pas nécessairement remboursée.
       En France la PrEP est remboursée à 100% (BDPM)
      Des variations spécifiques au pays peuvent s'appliquer.

  • Pendant la phase asymptomatique, la capacité à travailler du patient reste généralement normale.
  • La diminution de la capacité à travailler durant la primo-infection est transitoire. La perte de capacité à travailler causée par le SIDA peut être restaurée pendant le traitement antiviral.
  • En général, le risque d'infection n’entraine pas une incapacité du patient à travailler.

  • Lorsqu'il existe une possibilité d'exposition au sang, porter des gants et un écran facial, qui protège également les yeux.
  • Porter des gants lors de la réalisation de prélèvements sanguins, mais il n'est pas nécessaire de porter un écran facial (si on utilise les tubes sous vide).
  • Accorder une attention particulière aux procédures recommandées suivantes afin d'éviter toute blessure par piqûre d'aiguille.
  • Exposition professionnelle au VIH, voir

  1. Ryom L, Boesecke C, Gisler V et al. Essentials from the 2015 European AIDS Clinical Society (EACS) guidelines for the treatment of adult HIV-positive persons. VIH Med 2016;17(2):83-8. PubMed

Folliculite à éosinophiles. La folliculite à éosinophiles fait partie des symptômes cutanés de la phase tardive de l’infection par le VIH.

Illustration : Raimo Suhonen