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Guides de pratique clinique
Dépistage du cancer du col de l'utérus et place du test HPV
1/07/2019
Libre d'accès

  • Le dépistage du cancer du col de l'utérus concerne les femmes :
    • âgées de 25 à 65 ans inclus
    • asymptomatiques
    • immuno-compétentes
    • vaccinées ou non contre les HPV
    • n'ayant pas eu d'ablation du col
    • n'ayant pas eu de traitement conservateur pour une lésion précancéreuse ou cancéreuse du col de l'utérus
  • Recommandations de dépistage :
    • de 25 à 29 ans : maintien des modalités de dépistage :
      • type de test : examen cytologique sur prélèvement cervico-utérin (frottis)
      • rythme : 2 examens cytologiques à 1 an d'intervalle, puis 3 ans après si le résultat des deux premiers est normal
    • de 30 ans à 65 ans : évolution des modalités de dépistage :
      • type de test : test HPV sur prélèvement cervico-utérin (ou sur auto-prélèvement
        ​​​Un référentiel national précisant ​​le cadre et les modalités de recours aux APV a été publié par l’INCa en mai 2022.​
        vaginal pour les femmes insuffisamment dépistées)
      • rythme : 3 ans après le dernier examen cytologique normal ou dès 30 ans en l'absence d'examen cytologique antérieur, puis tous les 5 ans

  • Près de 3 000 nouveaux cas de cancers invasifs en France et plus de 1 000 décès chaque année.
  • Trois quarts des cas diagnostiqués chez des femmes jeunes, âgées de 25 à 64 ans.
  • Un taux de couverture du dépistage insuffisant (environ 60 %).

  • Facteurs de risque de cancer du col utérin :
    • persistance d'une infection génitale par un papillomavirus humain (HPV) à haut risque oncogène (facteur nécessaire, mais non suffisant)
    • rôle d'autres cofacteurs de risques (viraux, endogènes liés à l'hôte et comportementaux)
  • Infection à papillomavirus :
    • infection sexuellement transmissible la plus fréquente dans le monde (80% des personnes sexuellement actives seront infectées par ces virus au cours de leur vie)
    • les papillomavirus humains sont des virus à ADN de petite taille, très résistants. Il en existe environ 40 types, classés en fonction de leur potentiel oncogène.
  HPV à faible risque ou non oncogènes HPV à haut risque (HPV-HR)
Exemples HPV 6 et 11 12 HPV cancérogènes avérés dont HPV 16 et 18 (les plus fréquents)
Conséquences potentielles Condylomes Cancer du col de l'utérus
Autres cancers ano-génitaux
Cancer de l'oropharynx
  • Evolution d'une infection à HPV :
    • asymptomatique dans la majorité des cas et rapidement éliminée (environ 90 % des infections ne sont plus détectables après 2 ans)
    • risque de cancer du col de l'utérus (CCU) en cas d'infection persistante
    • évolution lente : infection par un HPV à haut risque -> persistance de l'infection -> lésions précancéreuses (curables) -> cancer invasif

  • Le dépistage du cancer du col de l'utérus doit s'insérer dans une démarche préventive globale intégrant tous les moyens de prévention :
    • vaccination
    • dépistage et traitement précoce des lésions précancéreuses
    • prise en charge adaptée et rapide des femmes atteintes de cancer du col de l'utérus

  • Le dépistage concerne les femmes :
    • âgées de 25 à 65 ans inclus
    • asymptomatiques
      ​Les femmes ayant des signes fonctionnels ou cliniques faisant suspecter un cancer du col de l’utérus relèvent d’un examen immédiat à visée diagno​​stic.​
    • immuno-compétentes
    • vaccinées ou non contre les HPV
    • n'ayant pas eu d'ablation du col
    • n'ayant pas eu de traitement conservateur pour une lésion précancéreuse ou cancéreuse du col de l'utérus
  • Les femmes enceintes (dépistage à réaliser avant 10 SA) sont incluses dans la population cible du dépistage.

  • Du fait du taux de couverture du dépistage insuffisant, le dépistage du cancer du col de l'utérus s'inscrit depuis 2018 dans un programme national de dépistage organisé.
  • Les examens de dépistage font l'objet d'une prise en charge intégrale par l'assurance maladie sans avance de frais, sur présentation du courrier d'invitation.
  • Recommandations de dépistage :
    • de 25 à 29 ans :
      • type de test : examen cytologique sur prélèvement cervico-utérin (frottis)
      • rythme : 2 examens cytologiques à 1 an d'intervalle, puis 3 ans après si le résultat des deux premiers est normal
    • De 30 ans à 65 ans:
      • type de test : test HPV sur prélèvement cervico-utérin (ou auto-prélèvement vaginal (APV) pour les femmes non dépistées ou insuffisamment dépistées)
      • rythme : 3 ans après le dernier examen cytologique normal ou dès 30 ans en l'absence d'examen cytologique antérieur, puis tous les 5 ans

Tests de dépistages

  • Deux tests sont disponibles (tableau 1) : l'examen cytologique et le test HPV, réalisables tous les deux sur prélèvement cervico-utérin en milieu liquide, permettant ainsi la réalisation des examens réflexes
    Un test réflexe est un test de laboratoire effectué automatiquement à la suite d'un test initial lorsque le résultat de ce test initial répond à des critères prédéterminés (par exemple, si ce test initial est positif). ​​​​​
    sur le même prélèvement si nécessaire.
  • Concernant le test HPV : sa réalisation n'a pas pour objectif d'identifier les infections à HPV en elles-mêmes mais celles associées au risque de développer une lésion cervicale précancéreuse ou cancéreuse.
Tableau 2. Tests de dépistage du cancer du col de l'utérus
  Examen cytologique Test HPV
Principe du test Analyse morphologique des cellules du col utérin pour recherche de cellules anormales et précancéreuses Détection des acides nucléiques des génotypes d'HPV à haut risque (cancérogènes)
Modalités de réalisation Prélèvement cervico-utérin (frottis) par un professionnel de santé Prélèvement cervico-utérin (frottis) par un professionnel de santé, ou auto-prélèvement vaginal (APV) pour les femmes non dépistées ou insuffisamment dépistées
Avantages Bonne spécificité (96 et 98 %) - Meilleure sensibilité (détecte davantage de lésions de haut grade)
- Meilleure efficacité de réduction de l'incidence des lésions précancéreuses et des cancers invasifs chez les > 30 ans
- Durée de protection plus longue contre les lésions précancéreuses et le cancer invasif après un test négatif
- Réalisable en auto-prélèvement
Inconvénients - Sensibilité entre 51 et 53 %
- Interprétation subjective et variable selon les observateurs (peu reproductible)
- Spécificité moindre pour détecter les lésions précancéreuses * : détecte des infections transitoires
- Risque de sur-diagnostic et sur-traitement chez les femmes < 30 ans ** dont la prévalence des infections à HPV transitoires est élevée
* Le triage des femmes ayant un test HPV positif représente un enjeu important : voir Conduite à tenir suite à un dépistage anormal.
** Le surtraitement peut entrainer des complications obstétricales lors de grossesses ultérieures.

Indication de l'autoprélèvement vaginal

  • L'auto-prélèvement vaginal (APV)
    Un référentiel national précisant ​​le cadre et les modalités de recours aux APV a été publié par l’INCa en mai 2022.​
    peut être considéré comme une alternative au prélèvement cervical par un professionnel de santé pour la réalisation d'un test HPV.
  • Il pourra être proposé
    Un référentiel national précisant ​​le cadre et les modalités de recours aux APV a été publié par l’INCa en mai 2022.​
    à partir de 30 ans, aux femmes non dépistées ou insuffisamment dépistées afin de faciliter leur dépistage.

Place du double immunomarquage p16/Ki67

Au regard des données disponibles, l'utilisation du double immuno-marquage p16/Ki67 en dépistage primaire ou comme test de triage après un test HPV positif n'est pas recommandée.

Examen cytologique anormal

  • Les résultats cytologiques anormaux sont :
    • ASC-US : cellules malpighiennes atypiques de signification indéterminée
    • ASC-H : présence de cellules malpighiennes atypiques ne permettant pas d'exclure une lésion malpighienne intra-épithéliale de haut grade
    • LSIL : lésion malpighienne intra-épithéliale de bas grade
    • AGC : anomalies des cellules glandulaires
    • HSIL : lésion malpighienne intra-épithéliale de haut grade
  • Les recommandations ci-dessous (tableau2) sont formulées par l'INCa
Tableau 3. Conduite à tenir selon les résultats d'un examen cytologique anormal
Résultats Conduite à tenir (hors femme enceinte) Conduite à tenir chez la femme enceinte
ASC-US - Recherche d'HPV à haut risque recommandée par un test HPV réflexe sur le même prélèvement - Pas de colposcopie ni de cytologie répétée en 1ère intention Cytologie recommandée dans les 2 à 3 mois après l'accouchement
ASC-H Faire une colposcopie Colposcopie systématique recommandée
LSIL - Colposcopie recommandée en 1ère intention
- Pas de test HPV en 1ère intention
Cytologie recommandée dans les 2 à 3 mois après l'accouchement
AGC - Test HPV recommandé en 1ère intention
- Si patiente > 45 ans, une exploration endo-utérine (échographie pelvienne et biopsie endométriale) est recommandée, indépendamment du test HPV
Colposcopie systématique recommandée
HSIL Faire une colposcopie B
Gradation des recommandations HAS
Colposcopie systématique recommandée
Figure 1. conduite à tenir selon le résultat de l'examen cytologique (femmes entre 25 et 29 ans, hors grossesse)
Figure 1. conduite à tenir selon le résultat de l'examen cytologique (femmes entre 25 et 29 ans, hors grossesse)
Examen cytologique réflexe = examen cytologique réalisé sur le même prélèvement
* En cas d'impossibilité de réaliser une colposcopie ou un double immuno-marquage, une cytologie peut être proposée à 12 mois avec un contrôle à 24 mois. Dès la 2ème anomalie à la cytologie, la colposcopie devient indispensable.
** Se référer aux recommandations de l'INCa 2016

Test HPV positif chez les 30 à 65 ans

Figure 2. conduite à tenir selon le résultat du test hpv (femmes de 30 à 65 ans)
Figure 2. conduite à tenir selon le résultat du test hpv (femmes de 30 à 65 ans)
Examen cytologique réflexe = examen cytologique réalisé sur le même prélèvement

Auteurs de la synthèse : Hyron, Hélène; Tangtakoun, Annie; Rambaud, Claire