Loading...

  • Le syndrome d'épuisement professionnel (burnout) est fréquent dans la population générale, en particulier chez les professionnels de santé.
  • Ce n'est pas une nouvelle catégorie de maladie psychiatrique, mais une spirale dangereuse susceptible de conduire au basculement dans la maladie - dépression ou maladie somatique - et à la désinsertion sur le plan professionnel, social et familial.
  • Le généraliste doit identifier les facteurs favorisants et protecteurs afin de prévenir le burnout.
  • Le test Maslach Burnout Inventory (MBI) peut aider le praticien bien qu'il n'existe pas de critère de diagnostic précis.

  • Syndrome d'épuisement professionnel (équivalent en français du terme anglais burnout, « se consumer jusqu'au bout ») : épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d'un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel. Il n'est pas considéré comme une maladie dans les classifications de référence (DSM-5 et CIM-10), il se rapproche d'autres situations non spécifiques telles que la souffrance au travail ou le stress lié au travail.
  • Stress professionnel : état de déséquilibre entre la perception par la personne des contraintes de son environnement, et des ressources dont elle dispose pour y faire face. Le stress professionnel est un facteur de risque de burnout, mais pas le seul, et ne mène pas toujours au burnout.

  • La souffrance psychique causée ou aggravée par le travail :
    • constitue le 2ème groupe d'affections d'origine professionnelle (après les affections de l'appareil locomoteur)
    • touche 3,1 % des femmes contre 1,4 % des hommes (2012)
    • augmente avec l'âge et la catégorie socioprofessionnelle (gradient social des ouvriers vers les cadres)
  • Le burnout représente 7 % des troubles psychiques rapportés par les médecins du travail (environ 30 000 cas par extrapolation).

  • Conditions de travail :
    • intensité et organisation du travail (surcharge de travail, imprécision des missions, objectifs irréalistes, etc.)
    • exigences émotionnelles importantes avec confrontation à la souffrance, à la mort, dissonance émotionnelle
    • autonomie et marge de manœuvre réduite
    • relations dans le travail (conflits interpersonnels, manque de soutien du collectif de travail, management délétère, etc.)
    • conflits de valeurs
    • insécurité de l'emploi
  • Facteurs de susceptibilité individuelle et antécédents :
    • certains traits de personnalité pouvant limiter les capacités d'adaptation, comme le névrosisme (propension à développer des affects négatifs) ou l'affectivité négative
    • les antécédents personnels et familiaux
    • les événements de vie (divorce, deuil)
    • la qualité du support social
    • le rapport au travail
    • les antécédents dépressifs

  • Soutien social
  • Stabilité du statut
  • Collectif de travail vivant
  • Moyens techniques, matériels et humains suffisants

  • Le repérage du burnout s'appuie sur un faisceau d'arguments (manifestations cliniques, conditions de travail, facteurs de susceptibilité individuelle) et non pas sur des questionnaires ou des échelles validées.
  • Le déni du travailleur peut entraîner un retard de prise en charge.
  • Le Maslach Burnout Inventory (MBI) est un questionnaire qui évalue l'épuisement professionnel, mais il n'est pas un instrument diagnostic individuel. Il peut être utilisé comme guide d'entretien avec le patient. À noter que le MBI-Human Service Survey est spécifique aux professions d'aide et de soins.

Démarche

  • Le syndrome d'épuisement professionnel n'est pas une maladie caractérisée, c'est un ensemble syndromique qui nécessite une démarche diagnostique visant à caractériser la sévérité du trouble, son type diagnostique et ses liens avec les conditions de travail.
    • rechercher les symptômes d'épuisement professionnel et évaluer leur intensité
    • rechercher les facteurs de risque
    • repérer des pathologies sous-jacentes éventuelles, notamment un trouble de l'adaptation, un trouble anxieux, un trouble dépressif ou un état de stress post-traumatique
    • évaluer le risque suicidaire
    • rechercher une pathologie organique associée s'exprimant par les mêmes symptômes
    • analyser les conditions de travail : à faire prioritairement avec le médecin du travail, ou le centre de consultation de pathologie professionnelle

Symptômes

  • Le syndrome d'épuisement professionnel peut se traduire par des manifestations cliniques plus ou moins importantes, d'installation progressive et souvent insidieuse, en rupture avec l'état antérieur notamment (liste non exhaustive) :
    • émotionnelles : anxiété, tensions musculaires diffuses, tristesse de l'humeur ou manque d'entrain, irritabilité, hypersensibilité, absence d'émotion
    • cognitives : troubles de la mémoire, de l'attention, de la concentration, des fonctions exécutives
    • comportementales ou interpersonnelles :
      • repli sur soi, isolement social, comportement agressif, parfois violent, diminution de l'empathie, ressentiment et hostilité à l'égard des collaborateurs
      • comportements addictifs
    • motivationnelles ou liées à l'attitude :
      • désengagément progressif, baisse de motivation et du moral, effritement des valeurs associées au travail
      • doute sur ses propres compétences (remise en cause professionnelle, dévalorisation)
    • physiques non spécifiques : asthénie, troubles du sommeil, troubles musculo-squelettiques (type lombalgies, cervicalgies, etc.), crampes, céphalées, vertiges, anorexie, troubles gastro-intestinaux

Examens complémentaires

  • Pas de bilan paraclinique systématique. Néanmoins, rechercher une éventuelle pathologie organique associée s'exprimant par les mêmes symptômes.

Diagnostics différentiels

  • Le burnout n'est pas une nouvelle catégorie de maladie psychiatrique, mais une spirale dangereuse susceptible de conduire au basculement dans la maladie - dépression ou maladie somatique - et à la désinsertion sur le plan professionnel, social et familial.
  • Dépression
    • une relation causale existerait entre la dépression et le burnout : des antécédents de dépression peuvent favoriser l'apparition d'un burnout, mais inversement, le burnout peut s'aggraver en dépression
    • la dépression s'étend à tous les aspects de la vie (notamment pour la perte de goût des choses et de la vie) et ne se restreint pas spécifiquement à la sphère du travail. Alors qu'en cas de burnout, l'estime de soi et le réalisme sont plus grands, et la vitalité plus forte qu'en cas de dépression

Non médicamenteux

La prise en charge est globale et pourra nécessiter :
  • des interventions psychothérapeutiques ou psychocorporelles :
  • un soutien médico-administratif :
    • un arrêt de travail est souvent nécessaire, à adapter au contexte
    • l'aide d'une assistante sociale pour les démarches
  • la coordination avec la médecine du travail :

Médicamenteux

  • Il n'y a pas de traitement médicamenteux spécifique du burnout.
  • L'indication d'un traitement antidépresseur ou anxiolytique est dépendante des pathologies associées (troubles anxieux, troubles dépressifs).

  • Le parcours de reconstruction post-burnout se fait en plusieurs étapes, incluant un temps d'arrêt de travail, permettant successivement :
    • le repos
    • la reconstruction identitaire
    • la réflexion et la renaissance du désir de travailler
    • le retour au travail ou une reconversion professionnelle après étude de l'organisation et des conditions de travail
  • Le retour au travail doit être préparé, notamment lors de la visite de pré-reprise avec le médecin du travail :
    • elle est obligatoire pour les salariés en arrêt de travail depuis > 3 mois
    • elle peut avoir lieu à tout moment pendant l'arrêt et peut être répétée
    • elle peut être demandée à l'initiative du patient, du médecin traitant ou du médecin-conseil des organismes de sécurité sociale
    • le médecin du travail peut recommander des aménagements ou adaptations du poste de travail, des pistes de reclassement ou des formations professionnelles

  • Il n'existe pas de tableau de maladie professionnelle mentionnant l'épuisement professionnel. En revanche, la réglementation en vigueur permet la reconnaissance d'affections caractérisées telles que l'épisode dépressif majeur, les troubles anxieux généralisés, et l'état de stress post-traumatique complexe.

Epidémiologie

  • Chez les médecins généralistes en France :
    • prévalence de l'épuisement émotionnel : 5 à 45 %
    • prévalence du burnout « complet » (épuisement émotionnel élevé, dépersonnalisation élevée et accomplissement personnel faible) : 1 à 4 %

Facteurs de risque

  • Population à risque, historiquement identifiée et objet de nombreuses études récentes montrant une morbidité particulièrement élevée.
  • Les professionnels de santé en activité ou en formation sont exposés au risque d'épuisement professionnel en raison de la pénibilité de leur travail, que ce soit pour des causes intrinsèques liées à la nature même de l'activité médicale (confrontation avec la souffrance et la mort, prises en charge impliquant l'entrée dans l'intimité des patients, etc.) ou des causes extrinsèques (charge et organisation du travail, etc.).
  • Différents facteurs les rendent vulnérables : demande de performance, image du soignant infaillible, valeurs d'engagément et d'abnégation, injonctions contradictoires, dispositifs de soin complexes et évolutifs, tensions démographiques, insécurité, etc.