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Guides de pratique clinique
Hépatite C : prise en charge simplifiée chez l'adulte
3/01/2019
Libre d'accès

  • L'infection par le virus de l'hépatite C (VHC) peut évoluer vers une maladie hépatique sévère avec risque de cirrhose et de ses complications : hypertension portale et carcinome hépatocellulaire.
  • Objectif de l'OMS : élimination de l'infection par le VHC pour 2030 (diminution de 90% des nouvelles infections et réduction de 65% de la mortalité liée au VHC).
  • La prise en charge simplifiée permet aux médecins généralistes de prendre en charge les patients ayant une hépatite C chronique SANS :
    • co-infection VHB et/ou VIH
    • insuffisance rénale sévère (DFG estimé < 30 mL/min/1,73m2)
    • consommation d'alcool à risque, diabète, obésité, mal contrôlés
    • maladie hépatique sévère
    • antécédent de traitement de l'hépatite C
  • Dans les situations listées ci-dessus, une prise en charge spécialisée est nécessaire.
  • 2 options thérapeutiques :
    • Sofosbuvir/velpatasvir (Epclusa®) 1 comprimé /jour pendant 12 semaines
    • Ou Glécaprévir/pibrentasvir (Maviret®) 3 comprimés /jour pendant 8 semaines
  • Une charge virale ARN du VHC indétectable à 12 semaines après le traitement signe une guérison.

Figure 1. Hépatite C : prise en charge simplifiée chez l'adulte
Figure 1. Hépatite C : prise en charge simplifiée chez l'adulte

Qui dépister ?

  • Toute personne :
    • à risque d'infection par le VHC :
      • antécédent de transfusion ou potentielle transfusion avant 1992 du fait de traitements médicaux ou chirurgicaux lourds
      • patients hémodialysés
      • partenaires sexuels de personne ayant une hépatite C
      • hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH)
      • usagers de drogues (UD) par voie intraveineuse (IV) ou pernasale
      • enfants nés de mère séropositive pour le VHC
      • membres de l'entourage familial de personnes atteintes d'hépatite C chronique (partage de rasoir, brosse à dents...)
      • personnes incarcérées ou l'ayant été
      • personnes ayant eu un tatouage / piercing / mésothérapie / acuponcture sans matériel à usage unique
      • personnes originaires ou ayant séjourné dans des pays à forte prévalence du VHC
      • patients ayant des ALAT supérieurs à la normale sans cause connue
      • patients séropositifs pour le VIH ou porteurs du VHB
      • professionnels de santé (si accident d'exposition au sang AES)
    • ou estimant qu'elle a pu avoir un contact avec le VHC
    • ou pour laquelle le professionnel de santé pense qu'il y a un risque

Comment ?

  • Sérologie VHC (Ac anti-VHC sériques)
  • En alternative : les tests rapides d'orientation diagnostique (TROD) de type OraQuick HCV® (prélèvement de sang capillaire ou de liquide craviculaire) :
    • pour les personnes à risque éloignées du système de soins ou qui arriveraient plus facilement à se laisser convaincre par un test rapide (les usagers de drogues (UD) par voie IV à prélèvement veineux difficile, les migrants, etc)
    • ils sont le plus souvent disponibles dans des structures associatives (type SOS hépatites) ou dans des centres de dépistage (Centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic, CEGIDD)
  • En fonction des facteurs de risque : sérologie VIH et VHB (Ag anti-HBs, Ac anti-HBs, Ac anti-HBc)

Résultats

Tableau 1. Interprétation et conduite à tenir en fonction des résultats du dépistage
Dépistage Résultat Interprétation et conduite à tenir
Anticorps anti-VHC sériques

Positif Faire une recherche quantitative de l'ARN du VHC
Négatif
= Absence de contact avec le VHC, sauf si :
- infection récente : redoser les Ac anti-VHC 3 mois après
- immunodépression sévère : recherche quantitative de l'ARN du VHC sur le même prélèvement
TROD

Positif
Faire une sérologie de contrôle :
- si positive : ARN du VHC quantitative sur le même prélèvement
- si négative : suivi régulier
Négatif = Absence de contact avec le VHC, sauf si :
- infection récente : redoser les Ac anti-VHC 3 mois après par TROD ou par test biologique

Le bilan initial comporte :
  • Une recherche et une évaluation des comorbidités :
    • Co-infection VHB et/ou VIH
    • Insuffisance rénale sévère (DFG estimé < 30 mL/min/1,73m2)
    • Consommation d'alcool
    • Surpoids / obésité, diabète, syndrome métabolique
  • Un bilan sanguin initial : NFS, plaquettes, glycémie à jeun, ASAT, ALAT, GGT, bilirubine, débit de filtration glomérulaire +/- sérologie VHB et VIH si non réalisées lors du dépistage.
  • Une évaluation de la sévérité de la maladie hépatique par méthode non invasive :
    • Voir tableau 2
    • Trois méthodes disponibles : le Fibrotest® (test sanguin), le Fibromètre® (test sanguin), le Fibroscan® (élastométrie impulsionnelle ultrasonore)
    • Une maladie hépatique sévère est écartée si les valeurs sont inférieures aux seuils suivants :
Tableau 2. Sévérité de la maladie hépatique
Type Nom Seuil Principes Choix du test
Tests sanguins Fibrotest® = 0,58 Score composite de 7 paramètres :
- a2-macroglobuline, haptoglobine, apolipoprotéine A1, bilirubine totale, 𝛾GT
- âge et sexe
A interpréter avec précaution en cas de :
- maladie intercurrente (inflammation, hémolyse, maladie de Gilbert)
- prise de médicaments induisant une hyperbilirubinémie
Fibromètre® = 0,786 Score composite de 9 paramètres : a2-macroglobuline, acide hyaluronique, ASAT, ALAT, bilirubine totale, 𝛾GT, urée, plaquettes, taux de prothrombine A interpréter avec précaution en cas de :
- inflammation
- insuffisance rénale
- déshydratation
- cholestase responsable d'un déficit en vit K
- prise d'AVK
Imagerie Fibroscan®
(Liste des centres)
< 10 kPa Technique basée sur la mesure par ultrasons de la vitesse de propagation dans le foie d'une onde mécanique permettant d'estimer un coefficient d'élasticité Impossibilité technique d'obtenir un résultat en cas d'obésité ou d'espace intercostal étroit
  • Le bilan initial ne comporte pas, dans la prise en charge simplifiée :
    • d'échographie hépatique
    • de génotypage du VHC
    • de ponction-biopsie hépatique

  • Une prise en charge spécialisée est nécessaire en cas :
    • de traitement antiviral C antérieur
    • de maladie hépatique sévère
    • de co-infection VHB et/ou VIH
    • d'insuffisance rénale sévère (DFGe < 30 mL/min/1,73m²)
    • de comorbidité (consommation d'alcool à risque, diabète, obésité) mal contrôlée selon le médecin
  • Avant de débuter le traitement (voir tableau 3) :
    • informer le patient sur sa maladie, les risques de transmission à d'autres personnes, l'existence d'associations de lutte contre les hépatites virales
    • rechercher des interactions médicamenteuses (HEP drug interaction ou application HEP iChart), dont le recours à l'automédication et à la médecine naturelle (millepertuis, compléments alimentaires)
    • insister sur la nécessité d'une observance optimale du traitement
    • établir une prise en charge en ALD (ALD 6)
  • 2 options thérapeutiques pangénotypiques sont recommandées :
Tableau 3. Options thérapeutiques
Médicament Posologie Durée Interaction médicamenteuse Effets indésirables principaux
Epclusa® Sofosbuvir/velpatasvir 1cp/jour pendant ou en dehors du repas 12 sem Amiodarone

Inhibiteurs de la Pompe à Proton

Rosuvastatine

Digoxine
Bonne tolérance

Risque d'arythmie ou de bradycardie avec l'Amiodarone
Maviret® Glécaprévir/pibrentasvir 3cp/jour pendant le repas 8 sem Statines

Digoxine
Bonne tolérance

Réactivation du VHB
  • Prévention des comorbidités :
    • vaccination contre l'hépatite A et B si non protégé
    • vaccination anti-grippale et anti-pneumococcique

  • La recherche quantitative de l'ARN du VHC 12 semaines après l'arrêt du traitement est indispensable.
  • Le patient est considéré comme guéri si l'ARN du VHC est indétectable. Sinon, il doit être orienté vers une prise en charge spécialisée.
  • Les patients doivent être informés de la persistance des Ac anti-VHC après guérison virologique.
  • La persistance de comportements à risque (usagers de drogues actifs, comportements sexuels à risque) expose au risque de réinfection. Une recherche quantitative régulière de l'ARN du VHC doit leur être proposée.
  • Les patients ayant des comorbidités hépatiques (consommation d'alcool à risque, syndrome métabolique) doivent continuer à bénéficier d'un suivi régulier et une éducation à la santé adaptée doit leur être proposée.

Auteurs de la synthèse : Tangtakoun, Annie; Rambaud, Claire