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Guides de pratique clinique
Electrophorèse des protéines sériques (EPS) : quand la prescrire ? quelle conduite à tenir devant une immunoglobuline monoclonale ?
1/02/2017
Libre d'accès
Thème : Rhumatologie

  • La prescription d'une EPS doit être limitée à des indications cliniques et biologiques ciblées.
  • Le dépistage systématique d'une immunoglobuline monoclonale de signification indéterminée (IMSI) en population générale n'est pas recommandé.
  • L'IMSI est un diagnostic d'élimination : absence de points d'appels cliniques ou biologiques pour une hémopathie maligne (signes « CRAB »).
  • L'IMSI nécessite une surveillance à 6 mois puis tous les ans (risque de transformation maligne de 1% par an).

  • L'EPS est très (trop) prescrite en médecine de ville à titre systématique, avec le risque de découverte fortuite d'une immunoglobuline monoclonale, source d'inquiétudes, de consultations et d'explorations le plus souvent inutiles.
  • Immunoglobuline monoclonale ne signifie pas hémopathie maligne.
  • Il s'agit le plus souvent d'une immunoglobuline monoclonale de signification indéterminée (IMSI).

  • La prévalence des immunoglobulines monoclonales dans la population augmente avec l'âge : de 1,7 % de 50 à 59 ans à 6,6 % au-delà de 80 ans (6,0 % chez les femmes et 8,3 % chez les hommes).
  • Il s'agit principalement d'une IgG (68,9 %) puis d'une IgM (17,2 %).

  • Une EPS doit être prescrite en présence de signes faisant évoquer une maladie associée à une immunoglobuline monoclonale.
  • La prescription systématique d'une EPS en l'absence de signes d'orientation n'est pas justifiée.
  • Le motif de la prescription doit être précisé sur l'ordonnance, sauf en cas de refus du patient.

Indications

Critères

  • Une immunoglobuline monoclonale donne habituellement un pic étroit dans la région des γ-globulines ou moins souvent dans la région des β-globulines.
  • Elle est composée d'un seul type de chaîne lourde et d'un seul type de chaîne légère mis en évidence par immunofixation ou immunotypage.
  • Le résultat de l'EPS doit mentionner :
    • la présence d'un pic étroit
    • sa quantification
    • son éventuelle caractérisation comme une immunoglobuline monoclonale (si 1ere constatation, pas lors du suivi d'un pic connu)
  • Prudence ! L'absence de pic étroit à l'électrophorèse ne permet pas d'écarter le diagnostic de myélome (myélome à chaînes légères [10 % des myélomes] ou myélome non sécrétant). Tenir compte du contexte clinique.
  • Une IMSI est définie par la présence d'une immunoglobuline monoclonale, non associée aux signes cliniques dits « CRAB » :
    • C pour hypercalcémie
    • R pour atteinte rénale
    • A pour anémie
    • B pour bone (atteinte osseuse)
  • L'IMSI est donc un diagnostic d'élimination. Le risque de transformation maligne d'une d'IMSI serait d'environ 1 % par an. Facteurs augmentant le risque de transformation maligne d'une IMSI :
    • plus la concentration d'immunoglobuline est élevée sur la première EPS, plus le risque de transformation est important : environ 2% par an pour une concentration initiale de 20g/L
    • les immunoglobulines monoclonales IgM et IgA sont plus à risque de transformation que les IgG

Objectif

Savoir si l'immunoglobuline monoclonale est le témoin d'une hémopathie maligne ou d'une IMSI.

Démarche

  • Elle dépend des données cliniques, du type de l'immunoglobuline monoclonale et sa concentration.
  • La présence d'une IgG ou A monoclonale doit faire rechercher en priorité un myélome

    Guide de pratique clinique

    Myélome multiple

    .
  • La présence d'une IgM monoclonale doit faire rechercher en priorité une maladie de Waldenström

    Guide de pratique clinique

    Macroglobulinémie de Waldenström (MW)

    .
  • L'examen clinique doit rechercher des signes orientant vers un myélome, une prolifération lymphoplasmocytaire ou une amylose AL.
  • Les examens biologiques doivent comporter :
    • hémogramme
    • créatininémie
    • calcémie (corrigée en fonction de l'albuminémie/protidémie) si IgG ou IgA
    • LDH si IgM
  • Les examens d'imagerie sont
    • en cas d'IgG et d'IgA monoclonales les radiographies osseuses sont systématiques (crâne, thorax, bassin, rachis)
    • en cas d'IgM monoclonale, il n'y a pas d'indication à des radiographies osseuses mais à une échographie abdomino-pelvienne à la recherche d'adénopathies profondes ou d'un syndrome tumoral
  • La prescription du dosage des chaînes légères libres est du domaine du spécialiste de deuxième ligne (non remboursé en ville). La protéinurie de Bence-Jones n'a pas à être demandée.

Quand demander un avis spécialisé ?

Il est recommandé d'adresser le patient pour avis complémentaire dans les situations suivantes :
  • patient dont la présentation clinique évoque une hémopathie maligne (douleurs osseuses, altération de l'état général, adénopathies, syndrome tumoral).
  • en cas d'anomalie biologique (anémie, hypercalcémie, insuffisance rénale) ou à l'imagerie (lésions osseuses) faisant suspecter une atteinte d'organe.
  • en l'absence de tels symptômes, patient dont au moins un des examens de première intention est anormal, ou dont l'immunoglobuline monoclonale est :
    • une IgG > 15 g/L
    • une IgA ou une IgM > 10 g/L
    • une IgD ou IgE quelle qu'en soit la concentration
  • patient de moins de 60 ans.

Suivi

  • En cas d'immunoglobuline monoclonale asymptomatique et sans signes biologiques associés (IMSI), il faut surveiller à 6 mois puis tous les ans :
    • l'EPS selon la même technique, dans le même laboratoire, associée à : hémogramme, créatininémie, calcémie corrigée (si IgG ou A), LDH (si IgM). La répétition du typage de l'immunoglobuline monoclonale est inutile au cours du suivi
    • l'examen clinique
  • En cas de progression de plus de 25 % de la concentration du pic en g/L ou d'apparition de signes cliniques d'appel ou d'anomalie des examens biologiques de suivi, adresser le patient pour avis complémentaire.

Auteurs de la synthèse : Chapron, Anthony; Rambaud, Claire