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2022/06
2022/08
Guides de pratique clinique
Adapté au contexte français par l’équipe éditoriale
Test PSA dans le dépistage du cancer de la prostate
7/11/2025
Libre d'accès
Les adaptations au contexte français sont affichées en bleu et signalées par le pictogramme

  • ​En France, il n'existe pas de dépistage systématique du cancer de la prostate. 
  • Le dosage de PSA n'est pas recommandé en population générale en l'absence de symptômes. 
  • Voir : 
  • Le test PSA peut être utilisé pour dépister le cancer de la prostate.
  • Le principal problème associé est le surdiagnostic, c'est-à-dire la découverte de cancers inoffensifs, entraînant des traitements et des complications inutiles.
  • Dans les groupes d'âge plus jeunes (55 à 69 ans), un test de dépistage doit toujours être précédé d'un entretien avec le patient sur les avantages ou les inconvénients d'un tel examen.
  • Diverses organisations peuvent recommander de ne dépister que les hommes ayant une espérance de vie de plus de 10 à 15 ans ou de ne pas dépister du tout les hommes âgés de plus de 70 ans.
  • Les tests de dépistage ne doivent pas se faire à l'insu du patient, comme les tests de routine dans le cadre d'examens de santé par exemple.
  • Ce texte concerne uniquement le dépistage des hommes asymptomatiques. Pour le dosage du PSA dans le cadre de la recherche des symptômes présumés de la prostate, voir

    Guide de pratique clinique

    Hyperplasie bénigne de la prostate

    .

  • Le cancer de la prostate est le type de cancer le plus fréquent chez l'homme. À l'échelle mondiale, son taux d'incidence standardisé selon l'âge est estimé à environ 31/100 000 et il entraîne environ 375 000 décès par an. .
    • En Europe, le taux d'incidence standardisé selon l'âge est d'environ 63/100 000. Chaque année, plus de 470 000 cas
      En France, 59 885 nouveaux cas en 2018. 1er cancer chez l'homme (BEH 2023)
      sont diagnostiqués et plus de 100 000 hommes européens meurent du cancer de la prostate (2020). Chez l'homme de plus de 70 ans, l'incidence annuelle de la maladie est d'environ 600/100 000 en Europe.
  • Le cancer de la prostate est rare chez l'homme de moins de 45 ans. Le risque de maladie augmente en revanche rapidement après l'âge de 65 ans.
  • Le nombre de cancers diagnostiqués a augmenté parallèlement à l'augmentation des tests de dosage du PSA et l'allongement de l'espérance de vie chez les hommes.
  • Le cancer de la prostate détectable uniquement histologiquement survient chez 30 % des hommes de plus de 50 ans et chez 70 à 80 % de ceux de plus de 80 ans. Un cas sur dix de cancer de la prostate latent se transforme en cancer clinique.

Chez un homme asymptomatique, selon les sociétés savantes :
  • HAS 2013, INCa 2015 et INCa-CMG-CNAM 2016 recommandent de ne pas réaliser de dépistage systématique par PSA, en raison de :
    • risques de surdiagnostic et de surtraitement
    • effets indésirables de la biopsie prostatique et des traitements
  • AFU 2022 recommande une détection précoce dans certains cas, mais pas de dépistage organisé :
    • détection précoce par PSA et toucher rectal des hommes > 50 ans ayant une probabilité de survie estimée supérieure à 10 ans​​ ayant été au préalable informés
    • > 45 ans si antécédents familiaux ou origine afro-antillaise
    • > 40 ans si mutation germinale BRCA2 ou HOXB13
  • Le cancer de la prostate ne présente pas de tableau clinique spécifique. Les symptômes peuvent être similaires à ceux de l'hyperplasie bénigne de la prostate. Le cancer détecté par dépistage est souvent asymptomatique.
  • L'antigène prostatique spécifique (PSA) est un biomarqueur mesuré dans le sang qui peut être utilisé pour dépister le cancer de la prostate à un stade précoce chez l'homme asymptomatique.
    • Les taux de PSA augmentent avec l'âge et avec l'augmentation de la masse tissulaire prostatique.
    • Le PSA est un biomarqueur assez spécifique à un organe mais qui n'est pas spécifique au cancer : une augmentation de ses taux peut être due non seulement au cancer mais aussi
      Autres causes possibles : rétention aiguë d’urine, prostatite bactérienne, sondage ou intervention endoscopique, biopsies ou toute manipulation à proximité de la prostate (AFU 2022)
      à une hyperplasie bénigne de la prostate, par exemple.
  • Chez les hommes de moins de 50 ans, un taux de PSA de 0 à 2,5 µg/l est considéré comme normal. La limite supérieure de la plage de référence augmente progressivement avec l'âge : pour l'homme de plus de 69  ans, elle est de 6,5 µg/l.
    • Les résultats de test anormaux doivent souvent être confirmés par un nouveau test.
    • Les hommes peuvent être atteints d'un cancer de la prostate même si leur taux de PSA se situe dans la plage de référence.
    • Plus le taux de PSA est élevé, plus il est probable que la prostate présente des tissus cancéreux.
  • Le rapport PSA libre/total et le taux d'augmentation du PSA sont significatifs pour l'évaluation du risque.
  • Au cours d'un suivi sur 16 ans, la mortalité par cancer de la prostate était inférieure d'un cinquième dans le groupe de dépistage et la diminution absolue était d'un décès évité pour 570 hommes invités à subir un dépistage.

  • Le dosage du PSA est imprécis : il produit beaucoup de faux positifs mais aussi de faux négatifs. Son plus grand inconvénient reste le surdiagnostic : à savoir les « vrais » résultats positifs dus à de petits cancers inoffensifs, qui entraînent un traitement inutile.
  • Le dosage du PSA pour le cancer de la prostate pose des problèmes éthiques. Sur la base du dépistage, des hommes asymptomatiques peuvent recevoir un diagnostic de cancer, alors que l'évolution de la maladie ou ses effets sur la durée de vie de la personne ou encore sur sa cause finale de décès ne peuvent être prédits.
  • Les formes invasives de traitement qui sont proposées pour traiter le cancer impliquent à la fois des risques immédiats et des effets indésirables sur la qualité de vie du patient.
    • Tous ces traitements sont associés à des effets indésirables, tels que l'impuissance, l'incontinence urinaire ainsi que des symptômes gastro-intestinaux affectant la qualité de vie du patient.
    • Un patient sur cinq traité par prostatectomie radicale développe une incontinence à long terme et deux sur trois présentent une dysfonction érectile à long terme. Après la radiothérapie, environ un homme sur deux conserve une érection suffisante pour avoir des rapports sexuels.
  • Plus les tranches d'âge étudiées sont âgées, plus les désavantages probables du dépistage sont importants et plus ses bénéfices sont faibles.
  • Pour l'instant, la mise en place de programmes de dépistage du cancer de la prostate à l'échelle de la population basés sur le dosage du PSA est injustifiée et le dépistage doit être ciblé plus précisément pour maximiser ses avantages et minimiser ses inconvénients.
  • Le U.S. Preventive Services Task Force, USPSTF (États-Unis), recommande le dépistage dans le groupe d'âge de 55 à 69 ans uniquement lorsque les avantages et les inconvénients possibles ont été discutés en profondeur avec le patient (prise de décision partagée). L'USPSTF ne recommande pas le dépistage pour les hommes de plus de 70 ans. Dans certaines recommandations (American Cancer Society, European Association of Urology), le dépistage est recommandé après discussion pour les hommes dont l'espérance de vie dépasse 10-15 ans 3.

  • Le patient doit être informé des conséquences possibles d'un test PSA.
    • Un test PSA peut révéler un cancer de la prostate qui s'est propagé à l'extérieur de la capsule ou qui présente un risque autrement élevé de progression et qui pourrait être guéri par une chirurgie radicale ou une radiothérapie, sauvant ainsi la vie du patient.
    • Il est cependant plus probable que le test PSA et la biopsie révèlent une tumeur locale précoce qu'il vaut mieux gérer par une surveillance active. Un traitement invasif avec ses effets indésirables serait inutile mais le patient resterait constamment inquiet de l'évolution de son taux de PSA.
  • Un test PSA ne doit pas être réalisé à l'insu d'un patient asymptomatique. Il ne doit pas être inclus comme test de dépistage dans les bilans de santé.
  • Le dépistage de routine doit être distingué de l'utilisation d'un test PSA dans le cadre de l'examen clinique d'un patient lorsqu'il y a suspicion de cancer de la prostate.
  • Du point de vue d'un patient individuel, un test PSA négatif associé à une évaluation par un médecin de la situation du patient peut calmer le patient de manière significative, mais le cancer, cependant, ne peut jamais être définitivement exclu.

  • Le dépistage peut être à la fois bénéfique et nuisible.
    • Le cancer de la prostate est l'un des types de cancer les plus courants et l'une des causes les plus fréquentes de décès chez l'homme .
    • Beaucoup d'hommes atteints d'un cancer de la prostate ne sont jamais diagnostiqués et meurent d'une autre cause, en étant ignorants de la maladie et asymptomatiques.
  • Le dépistage se fait au moyen du test PSA, qui peut être répété toutes les quelques années.
    • Le test est imprécis. Le résultat peut être positif en l'absence de cancer ou négatif malgré un cancer.
    • Il peut s'avérer nécessaire de répéter le test en cas d'incertitude, car des taux croissants peuvent suggérer un cancer même si les résultats se situent dans une plage normale.
  • Le diagnostic ne peut pas être basé sur le seul dosage des taux de PSA mais doit toujours être confirmé par une biopsie. L'IRM peut être utilisée comme examen diagnostique complémentaire, elle aidera à cibler la biopsie.
    • La biopsie peut entraîner des complications, telles qu’infections ou saignements.
    • Il existe également des sources d'erreur associées à la biopsie, comme le fait par exemple de manquer la zone cancéreuse lors de la biopsie.
  • Un diagnostic de cancer est beaucoup plus probable chez les hommes participant au dépistage que chez ceux qui n'y participent pas.
    • Toutefois, une grande partie des cancers diagnostiqués n'entraînera aucun problème au cours de la vie du patient.
    • Aucun test ne peut prouver avec certitude si le cancer diagnostiqué est indolent ou s'il va se propager rapidement et causer des problèmes. Les décisions de traitement doivent être prises individuellement et le traitement peut consister en une surveillance active, une intervention chirurgicale ou une radiothérapie.
    • Les traitements peuvent être associés à des effets indésirables, tels que l'incontinence urinaire ou la dysfonction érectile. Lors du choix du traitement, il convient de discuter avec le patient du niveau de préjudice causé par les éventuels effets indésirables. La dysfonction érectile, par exemple, sera un problème plus important pour une personne ayant une vie sexuelle active que pour une personne sexuellement inactive. L'apparition de l'incontinence est généralement malvenue pour quiconque.

  1. European Association of Urology. Guidelines: Protate cancer.
  2. Hugosson J, Roobol MJ, Månsson M et al. A 16-yr Follow-up of the European Randomized study of Screening for Prostate Cancer. Eur Urol 2019;76(1):43-51. PubMed
  3. US Preventive Services Task Force., Grossman DC, Curry SJ et al. Screening for Prostate Cancer: US Preventive Services Task Force Recommendation Statement. JAMA 2018;319(18):1901-1913. PubMed
  4. Gandaglia G, Albers P, Abrahamsson PA et al. Structured Population-based Prostate-specific Antigen Screening for Prostate Cancer: The European Association of Urology Position in 2019. Eur Urol 2019;76(2):142-150. PubMed
  5. Hoffman R. Screening for prostate cancer. UpToDate referred 24.1.2022
  6. SWOP – The Prostate Cancer Research Foundation: Prostate cancer risk calculator